Rennes Métropole en transition énergétique

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le 14 novembre 2018

[ mis à jour le 12 juillet 2023 ]

SOMMAIRE

Le parc des Gayeulles à Rennes, un écosystème rare en ville
© EQRoy / Shutterstock

Avec quelque 430 000 habitants répartis sur 37 communes, la capitale de la Bretagne assied maintenant son poids démographique et sa place dans les aires urbaines d’influence, tout en s’assumant comme la grande gagnante du classement 2018 de L'Express des villes où il fait bon vivre et travailler.
Dans le même temps, on apprend que « 2018 est une année record » en matière de construction de logements. « Nous en sommes à 5 500 logements livrés pour la métropole. C’est un chiffre qui n’a jamais été atteint ces trente dernières années !, s’enthousiasme Emmanuel Couet, président de l’agglomération. La métropole est un territoire sur lequel il est encore facile de se loger, malgré notre attractivité et notre développement. »
Une ville où il fait bon vivre, travailler et se loger donc. Et pour ne pas ternir son tableau, la métropole multiplie les initiatives pour assurer sa transition énergétique, voulant se faire le modèle d’une ville verte de grande ampleur.

Un engagement politique fort pour l’écologie

C'est ce qu'explique Daniel Guillotin, conseiller municipal en charge de l'écologie urbaine et de la transition énergétique : « La Ville de Rennes est engagée depuis très longtemps sur ces questions », assure-t-il. Et parce que la municipalité se veut elle-même exemplaire pour sa population, elle a mis en place une « ligne budgétaire de maîtrise de l'énergie à hauteur de trois millions d'euros, [qu’elle] investit chaque année dans la rénovation énergétique du patrimoine municipal ».
Mais ses objectifs sont loin de se cantonner au patrimoine municipal.

« Le deuxième axe, c'est le recensement de tous les bâtiments que l'on peut raccorder à notre réseau de chaleur. Nous disposons de deux grosses chaufferies au bois. On essaie de voir comment raccorder de nouvelles ZAC dessus. Sur la ville, actuellement, nous sommes à plus de 40 000 équivalents logements raccordés. »
Daniel Guillotin, conseiller municipal en charge de l'écologie urbaine et de la transition énergétique

« La maîtrise de l'énergie contribue à la richesse locale »

Par ailleurs, la transition énergétique passe ici en grande partie par la rénovation de l’existant. Les Rennais sont ainsi accompagnés et sensibilisés au maximum dans leurs démarches de rénovation énergétique grâce à la plateforme « écoTravo » mise en place par la métropole, offrant l’expertise de conseillers neutres et indépendants, capables d’établir des diagnostics pertinents et de proposer des solutions optimales.
Pour Daniel Guillotin, la rénovation a également pour atout de créer de la richesse, en créant de l’emploi et en maintenant les flux d’argent sur le territoire.

« Nous communiquons beaucoup sur ces questions aujourd'hui. En règle générale, ce que l'on dit, c'est qu'entre dix et vingt emplois sont créés ou maintenus dans l'économie locale pour un million d'euros de travaux engagés. C'est bien le signe que la maîtrise de l'énergie contribue à la richesse locale.
Lorsque vous achetez du gaz ou du pétrole loin d'ici, l'argent est exporté. Or, là, on le réinvestit localement. C'est sur ce message que l'on travaille vraiment aujourd'hui auprès des copropriétaires et des professionnels, qui doivent l'entendre. »
Daniel Guillotin, conseiller municipal en charge de l'écologie urbaine et de la transition énergétique

Des objectifs plus réalistes : de l’autonomie à l’autoconsommation

Les ambitions en matière d’écologie sont souvent très ambitieuses, voire trop ambitieuses. Rennes a donc fait le choix de revoir ses objectifs à la baisse : de l’idéal d’autonomie des structures, elle est passée sur un objectif d’autoconsommation, plus facile à manier et à ajuster aux besoins. Les bâtiments BEPOS en sont l'exemple.

« Sur le secteur de la Poterie, l'un de nos gros projets, on a quasiment pu diviser la consommation énergétique d'une grande école par deux. On y a installé une toiture photovoltaïque.
On développe d'ailleurs chaque année ce type d'installation. Sur la prochaine que l'on va mettre en place, qui fera entre 200 et 300 mètres carrés, on travaille sur de l'autoconsommation.
Nous avons fait une étude sur les besoins en électricité de la ville. [Sur les] sites administratifs,[…] on va pouvoir être à 10% d'autoconsommation avec une production issue du photovoltaïque. »
Daniel Guillotin, conseiller municipal en charge de l'écologie urbaine et de la transition énergétique

Les vélos star, en libre accès à Rennes
© EQRoy / Shutterstock

Bilan de la consultation citoyenne pour la révision du Plan de Déplacement Urbain

De janvier à avril 2018, Rennes Métropole a réalisé une enquête « Déplacements » afin de mieux connaitre la mobilité des habitants de la Métropole, et du département. Les premiers résultats de l’enquête ont été publiés le 13 septembre 2018.
Fait notable, les Rennais réalisent plus de 40 % de leurs déplacements à pied, ce qui place la ville dans le peloton de tête des métropoles où l'usage de la voiture représente moins de la moitié des déplacements. Côté deux roues, Rennes est la 4ème métropole (après Strasbourg, Grenoble et Bordeaux) où l'usage du vélo est le plus important.
Mais les ambitions de la métropole sont plus grandes encore.
Elle est venue les présenter par la voix de son président, Emmanuel Couet, lors de la soirée de restitution du 17 octobre, destinée à dresser un bilan des propositions ayant émané de la vaste consultation lancée auprès des habitants pour la révision du Plan de déplacements urbains (le PDU). Cette consultation s’est tenue d’avril à octobre, et a réuni 1 500 personnes au cours de 8 réunions publiques, avec plus de 230 propositions. Le plan, créé en 2007, doit être révisé pour la période 2019-2030. Une période qui sera accompagnée la lancée par l'arrivée de la RE 2020.

En finir avec la voiture individuelle

« Longtemps, notre politique a été centrée sur le développement de l’offre de transports collectifs. C’est le socle, la base, mais cela ne suffira pas. Il faut changer nos comportements. Aux heures de pointe, on compte 102 à 103 personnes dans 100 voitures qui circulent.
Si les habitants covoituraient ne serait-ce qu’une fois par semaine, nous aurions résolu l’essentiel des problèmes de congestion et de pollution. » Emmanuel Couet le président de Rennes métropole

À cet effet, Rennes Métropole vient de faire paraître ses nouveautés de la rentrée en matière de transports. Pour des offres de services encore plus vertes.

Les pistes pour l’avenir : une nouvelle étude lancée fin octobre 2018

Pour Jean-Claude Moysan, vice-président du collectif Urgence réchauffement climatique 35, il est nécessaire que cette fois-ci la concertation débouche sur des actions concrètes. « On sait faire des plans, on ne sait pas les mettre en œuvre… » a-t-il déploré à la soirée de restitution.
Plusieurs propositions ont su émerger des débats, qui demanderont encore un peu de patience toutefois avant de se voir appliquées, puisque Rennes métropole compte lancer à la fin du mois une étude à l’échelle du Pays de Rennes. 
Voici quelques-unes des idées avancées :

En attendant les nouvelles propositions qui sauront, sans nul doute, émerger de la prochaine étude, la Métropole se concentre sur le développement et l’optimisation des moyens en place pour assurer sa transition énergétique, dont le mouvement semble déjà bien amorcé.

Une grande ferme photovoltaïque sur l’ancienne décharge de la ville

Sous l’immense champ verdoyant du site des Hautes-Gayeulles se cache l’ancienne décharge de Rennes métropole, qui doit fermer ses portes en décembre 2018. Ouvert au début des années 90 aux abords de la rocade Nord, le site, qui accueillait plusieurs milliers de tonnes chaque année, est maintenant arrivé à saturation. Des ordures qui ne peuvent pas être brûlées au sein de l’usine d’incinération de Villejean, et qui nécessitent d’être enfouies.
Le lieu semblait destiné à l’abandon, puisqu’on ne peut ni construire, ni cultiver, ni accueillir du public sur une « installation de stockage de déchets non dangereux ». Pourtant, la municipalité envisage de lui offrir une seconde vie, en le dotant de centaines de panneaux photovoltaïques.
Le projet est encore en définition, et en attente des résultats de l’étude d’impact et du marché public lancé récemment.

« Nous disposons d’une surface d’un peu plus de quatre hectares qui pourrait nous permettre d’installer une ferme solaire dotée d’une puissance en crête de 3,5 mégawatts. »
Olivier Dehaese, vice-président de Rennes Métropole chargé de l’énergie et des déchets

Matthieu Theurier, élu écologiste à Rennes Métropole, confirme la pertinence a priori du projet: « Ces terres sont polluées et inutilisables pour un projet agricole. C'est la meilleure chose à faire » .
Tandis que fin 2016, la ville a voté la création d’une régie publique de l’énergie photovoltaïque, qui doit permettre à la collectivité de revendre l’électricité qu’elle produit à EDF, il est à espérer que cette « ferme solaire » en conception sache faire progresser les recettes aujourd’hui bien minces (25.000 euros en 2016), mais prometteuses au regard des projets de la ville.

L'énergie solaire, une ressource inépuisable
© CC0 Creative Commons / via Pixabay

En parallèle, l’usine d’incinération de Villejean va se voir rénover prochainement, selon ce même objectif : la poursuite de la transition énergétique.

« Il s’agit d’un projet de plus de 90 millions d’euros visant à moderniser un équipement vieillissant construit entre 1966 et 1968. L’objectif affiché est d’améliorer les performances environnementales de l’outil, d’augmenter la quantité de chaleur fournie, de travailler sur l’intégration architecturale et paysagère de l’unité et d’améliorer les conditions de travail. »
La Commission nationale du débat public (CNDP)
Chargée de veiller à ce que les habitants soient bien consultés avant les grands projets d’aménagement, la CNPD a été saisie par Rennes métropole du dossier du chantier de l’usine d’incinération de Villejean en juillet dernier.

Un chercheur veut révolutionner la lutte anti-pollution grâce à des capteurs placés sur les bus

Rennes métropole s’est également engagée aux côtés de la recherche, puisqu’avec Kéolis, Air Breizh et la Fondation Rennes 1, elle soutient le travail de François Bodin, chercheur à l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (Irisa), contre la pollution en ville. Ses travaux s’inscrivent dans le cadre de la chaire « Mobilité dans une ville durable » de l’Université de Rennes 1.
« Il y a un terrain favorable à Rennes, souligne le chercheur. Nous n’avons pas eu besoin de convaincre la métropole de l’intérêt de nos recherches ». Depuis plusieurs années, François Bodin travaille sur une opération consistant à installer des capteurs mobiles sur des véhicules ou des drones, à récolter leurs données puis à les analyser et à les traiter pour dresser un tableau au plus proche du réel.

« Actuellement, il existe une dizaine de capteurs fixes à Rennes, gérés par Air Breizh. Pour aller plus loin, on aurait pu imaginer d’installer des petits capteurs partout, mais avec le risque d’avoir des mesures de mauvaise qualité. »
À l’occasion des premiers tests, qui devront être réalisés courant 2019, des capteurs mobiles devraient être installés un peu partout sur le réseau STAR, « certains à l’intérieur des bus, d’autres à l’extérieur, afin de recueillir un maximum de données pour comprendre comment les polluants se dispersent. »
Et pour la suite… « Une grosse puissance de calcul est nécessaire. Un jour de simulation, c’est l’équivalent de 30 000 heures de travail pour un PC classique. Du coup, on va faire appel au super-calculateur de l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (Idris), au NRS, à Orsay, en région parisienne »
François Bodin, chercheur à l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (Irisa)

Baptisé AQMO, le projet se destine à communiquer les données récoltées au plus grand nombre, afin de laisser émerger les idées les plus novatrices. Ce sera ainsi aux citoyens rennais de s’emparer à leur tour directement du problème pour améliorer leur qualité de vie. Grâce à la mise en place début 2018 du nouveau service de collecte et de partage de données d’intérêt général, la mise en commun de ces résultats scientifiques se fera tout naturellement, et permettra au collectif de décider des services ou applications qu’il souhaite en tirer.
Côté chercheurs et métropole, on imagine pour l’instant utiliser ces capteurs pour :

Les applications pourront être nombreuses, et demandent encore à s’étoffer.
De belles perspectives d’avenir pour la recherche et la concertation publique sur la transition énergétique donc, dans cette métropole encore au plus proche des intérêts de ses habitants.

À Rennes, la nature en ville à un bel avenir devant elle
© Paroo / Shutterstock
SOURCES
  • « Une grande ferme photovoltaïque viendra cacher l’ancienne décharge de la ville », par Camille Allain - 20minutes.fr, 07/11/2018
  • « Transports : les nouveautés de la rentrée » - Ici Rennes (disponible uniquement au format application), 05/11/2018
  • « Des capteurs sur les bus pour traquer la pollution », par Oliver Berrezay - Ouest-France.fr, 31/10/2018
  • « Quels déplacements urbains pour demain ? », par Oliver Berrezay - Ouest-France.fr, 18/10/2018
  • « Les avantages de City Roul’ » - CityRoul.com 18/10/2018
  • « A Rennes, priorité à la rénovation énergétique » - La Tribune.fr, 27/09/2017
  • « Rénovation de l’usine d’incinération de Villejean : la commission nationale du débat public saisie », par Oliver Berrezay - Ouest-France.fr, 21/09/2018
  • « Boom de la construction à Rennes. 2018, année record, avec 5 500 logements neufs ! », par Yann-Armel Huet - Ouest-France.fr, 20/09/2018
  • « Premiers resultats de l'enquête "Déplacements" 2018 », Dossier de Presse - Rennes-Métropole, 13/09/2018
  • « Partager une voiture » - ADEME.fr, mis à jour le 12/09/2018
  • « Le palmarès 2017 des villes où il fait bon vivre et travailler », par Pierre Falga - L’express.fr, 19/02/2018
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