Histoire de Rennes - Des remparts de Condate à la LGV

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Cité millénaire dont les premiers peuplements remontent à l’âge du bronze, Rennes a vu ses édifices, passer du bois à la pierre, taquiner la brique et le tuffeau et offre aujourd’hui une silhouette témoin de l’histoire, peuplée de vestiges de chaque époque.

La ville a su prendre le tournant de la période contemporaine et édifier de sculpturaux bâtis de bétons qui signent un nouvel air de confort, d’espace et de luminosité. En perpétuel remodelage, l’immobilier neuf à Rennes accompagne et matérialise l’évolution de la ville rouge. De la cité des Riedones à la métropole capitale de la Région Bretagne, petit condensé d’histoire à la sauce bretillienne.

La préhistoire

Au Paléolithique, la Bretagne est couverte de forêts denses, ce qui limite les possibilités de déplacements. Un biface moustérien a bien été retrouvé sur le site de l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, mais de manière générale, aucun signe ne laisse penser à l’établissement de groupes humains dans ce secteur.

Pour le Néolithique, on a trouvé de rares artefacts isolés sur divers sites à Rennes. D’après Jacques Briard (préhistorien et archéologue breton) l'existence d'une « vivace occupation néolithique du terroir rennais » est donc peu probable.

L'âge du Bronze est plus prolifique, les objets (lames d'épées, haches à douille ...) trouvés dans la ville de Rennes et ses alentours sont assez nombreux pour attester d'une fréquentation des lieux à cette époque, sans toutefois traduire un établissement important.

Époque gauloise

Au IIIème siècle, Rennes se nomme Condate, « confluent » en gaulois. Ptolémée (dans Géographie) évoque une Condate qui est déjà la capitale des Riedones. Louis Pape (professeur d’histoire et d’archéologie à Rennes 2) la situe aux alentours de la cathédrale et des portes Mordelaises.

Époque romaine

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Après la conquête romaine, Condate devient le chef-lieu de Civitas Riedonum (cité des Riedones en latin).

Au début du IIIème siècle, la cité profite d’une position idéale plantée au cœur d'un réseau routier vers les villes voisines (Angers, Vannes, Le Mans, Avranches…) et se développe considérablement.

Mais la crise qui secoue l'Empire d'occident durant la seconde moitié du IIIe siècle entraine la démolition d’une grande partie de la capitale riedone, l’enfouissement des trésors des habitants et l’édification d’un solide rempart de brique, qui ne fut achevé de détruire qu’au XXe siècle. Il vaudra à la ville son nom de « ville rouge ».

Époque médiévale

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Après la chute de l'Empire romain d'Occident (entre les IIIème et VIème siècle), les bretons arrivent en masse de la province romaine de Bretagne (actuelles Angleterre et Pays de Galles) en Armorique et donnent leur nom à la péninsule. Rennes reste la ville des Riedones, chef-lieu d’un vaste territoire. Les Armoricains (ensemble de tribus gauloises qui résident entre la Seine et la Loire) contrôlent alors le nord-ouest de la Gaule. Attaqués par Clovis, ils se replient vers l'ouest et Rennes devient une place forte dans la guerre qui les opposent aux Francs. Une paix est négociée par Saint-Melaine vers 497.

Au VIIIème siècle, Rennes sert de base aux expéditions franques en territoire breton de Pépin le Bref, jusqu'à ce qu'en 831 Louis le Pieux règle le conflit en nommant pour l'ensemble de l'Armorique un comte breton, Nominoë.

Ce dernier entre en rébellion contre le pouvoir Franc et obtient, suite à de nombreuses batailles l’opposant aux carolingiens, le titre de duc et les prérogatives d’un roi. Son fils Erispoë a lui été officiellement reconnu roi par Charles le Chauve après la bataille de Jengland, fondant ainsi le royaume de Bretagne qui englobera à son apogée en 867 la Bretagne actuelle, le Nantais, la Sarthe, la Mayenne et la Manche.

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Toutefois, Rennes ne sert pas de résidence aux rois de Bretagne qui favorisent leurs domaines ruraux. Au IXème siècle, les remparts ceinturent une cité de 10 hectares dont le centre se situe autour de la cathédrale actuelle.

Au IXème et Xème siècle, les attaques normandes obligent la majorité de la noblesse bretonne à quitter la ville.

En 1030, Alain III (comte de Rennes et duc de Bretagne) fait construire pour sa sœur Adèle l'Abbaye Saint-Georges de Rennes, première abbaye de femmes de Bretagne.

Au XIe et XIIe siècle, les faubourgs de Bourg-l'Evêque et celui situé à l'est de la porte de la Baudrairie jusqu'à l'abbaye Saint-Georges, étendent la cité qui occupe maintenant un territoire trois fois plus vaste que la ville intra-muros.

À partir du XIIème siècle, la ville basse se forme sur la rive gauche de la Vilaine, dont les marécages sevraient jusqu’ici de refuge en cas d'attaque. En 1237, des fossés Gahier sont creusés pour protéger cette nouvelle extension.

Une dynastie d’ecclésiastiques

De 990 à 1058, l'évêché et l'abbaye Saint-Melaine sont dirigés par les membres d'une dynastie épiscopale se mariant et léguant les biens du clergé à leurs héritiers. La réforme grégorienne qui suit cet épisode pousse de nombreux religieux à se détourner des institutions et à se faire ermites dans les environs de Rennes. Parmi eux le célèbre Robert d'Arbrissel (fondateur de l’abbaye de Fontevraud).

À la fin du XIIe siècle, Henri II Plantagenet qui souhaite s’emparer de la Bretagne brûle et reconstruit le château de Rennes. Une grande partie de la ville, y compris l'abbaye Saint-Georges, part en flamme durant cet événement.

Sous le règne des Plantagenêt, Rennes devient capitale du duché et la bourgeoisie fait son apparition dans la ville. La cathédrale est reconstruite à partir de 1180. Les hôpitaux Sainte-Anne, Saint-Thomas, Saint-Jacques sont édifiés pendant cette période.

Suite au traité de Guérande de 1365, les Montfort font de Rennes l’une des trois capitales de la Bretagne avec Nantes et Vannes, l’économie de la ville devient alors florissante, la population croit et une bourgeoisie marchande émerge, groupée en confréries (dominées par la puissante confrérie des merciers).

Le Duc de Bretagne (dont la cour est encore itinérante) délègue alors l'administration de la ville à cette élite marchande. En 1418, un conseil restreint, dirigé par un procureur des bourgeois devient permanent.

Au XVème siècle, Rennes connaît une forte croissance (économie prospère, forte natalité, exode rural, migration normande) dans ce contexte, le duc Jean V décide d’étendre les fortifications de la ville à l'est et au sud de la Vilaine. La cité fortifiée couvre désormais quatorze hectares.

En 1491 après un siège de Rennes, la duchesse Anne de Bretagne est contrainte d’épouser le roi de France Charles VIII et signe par cet acte la fin de l'indépendance de la Bretagne.

Époque moderne

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Les souverains français installent à Rennes les administrations, notamment judiciaires de la province de Bretagne : En 1554 un Parlement de Bretagne utilise pour siège le couvent des Cordeliers (à l’emplacement de l’actuelle maison des avocats, rue Hoche) jusqu’à la construction du palais du Parlement de Rennes, achevé en 1655.

En 1720, Rennes, alors essentiellement construite en bois, est victime d'un incendie. La ville haute est détruite.

Dessinée par Isaac Robelin et Jacques Gabriel, la ville du XVIIIème sera plus aérée et géométrique. L'hôtel de ville de Rennes, la place du Parlement-de-Bretagne, l' Hôtel de Blossac (actuellement direction régionale des affaires culturelles) seront alors édifiés.

En 1789 la dissolution du Parlement et des États de Bretagne ramène Rennes au rang de chef-lieu du tout nouveau département d’Ille-et-Vilaine.

Pendant la révolution, les élus rennais s'installent dans le palais du Parlement, devant lequel trône la guillotine. Les clubs se rassemblent à quelques pas de là, dans le couvent des Jacobins. Les autres couvents de la ville deviennent des prisons, casernes où hôpitaux. À la fin de la décennie révolutionnaire, Rennes a perdu 30 % de ses habitants.

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Époque contemporaine

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Le XIXème siècle voit la population Rennaise passer de 30 000 à 60 000 habitants. Une envolée démographique principalement due à l'exode rurale. En quête de travail après la fin des grands travaux (creusement de canaux et construction des chemins de fer), les Bretons rejoignent les grandes villes et bien souvent Paris accessible en train depuis 1857. Ce siècle voit en outre l’avènement du tramway urbain et de l’éclairage public dans la ville.

En 1871, Jean-Baptiste Martenot dessine deux halles d’égales dimensions, inspirées des Halles Centrales de Paris. Les Halles seront classées monuments historiques en 1990. Elles accueillent tous les samedis matin, le marché des Lices (2ème marché de France).

Jean-Baptiste Martenot est un architecte majeur de la ville. On lui doit également la silhouette actuelle du lycée Émile-Zola, la faculté des sciences, le kiosque, la volière, l'orangerie, les serres et les grilles d'entrée du parc le Thabor, l'école et l’église de Saint-Aubin, l’imprimerie Oberthür.

Au XIXème siècle, la Vilaine n’était pas encore couverte. Construit en partie sur l’ancien emplacement de la cale du Pré-Botté, le Palais du Commerce fut construit en 2 temps entre 1885 et 1929 par les architectes Jean-Baptiste Martenot et Emmanuel Le Ray. Dès l'origine, il est occupé par les administrations de la Poste et du télégraphe, rejointes par l'École régionale des Beaux-Arts et le conservatoire de musique. Le bureau des postes du Palais est orné par une mosaïque intérieure d’Isidore Odorico.

Focus sur Isidore Odorico

Rennes centre est parcourue de façades, halls d’immeuble, salles de classe (au lycée E.Zola) ornés de mosaïques de couleurs, dont l’achèvement le plus parfait est la remarquable piscine des années 20 Saint-Georges classée monument historique en 2016.

Si Odorico père reproduit des motifs traditionnels, Odorico fils, formé aux beaux-arts de Rennes imagine des motifs qui font écho à la vague art déco qui bat alors son plein. Les ateliers Odorico ont compté jusqu’à une centaine d’ouvriers qui faisaient de la préfecture d’Ille-et-Vilaine, le plus important centre de production de mosaïques en France.

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Le procès Dreyfus à Zola

Titre du J'Accuse...! de Zola publié le 13 janvier 1898

En 1899, se tient à Rennes, le procès en révision du capitaine Alfred Dreyfus (sujet d’une exposition permanente au musée de Bretagne).

Cinq ans plus tôt, le capitaine était condamné pour espionnage en faveur de l’empire Allemand. Et c’est à Rennes dans le lycée Chateaubriant (qui fut renommé en 1971 : Lycée Emile Zola en hommage à ce défenseur de la première heure), que ce second procès se déroulera.

La ville est alors très militarisée et les casernes sont légion : Colombier, Guise et celle du palais Saint-Georges entre autres. Les journalistes et commentateurs (très majoritairement anti-dreyfusards) investissent le Grand Café de la Paix au pied du Palais du commerce, les dreyfusard (nettement moins nombreux) se réfugient au restaurant des Trois-Marches, devenu aujourd’hui l’hôtel LecoqGadby.

Les deux guerres mondiales

C’est du balcon de son bureau à l’hôtel de ville que le maire Jean Janvier (qui a donné son nom à l’avenue faisant face à la gare) annonce la mobilisation à la population lors de la première guerre. Durant la Seconde, la ville est occupée à partir du 18 juin 1940. Elle subit de nombreux bombardements durant la libération qui a lieu le 4 août 1944, mené par les troupes du général Patton. Le Panthéon rennais à l’entrée de la mairie de Rennes est couvert de plaques de marbre sur lesquels sont inscrits les noms de 1653 rennais “morts pour la France” durant les guerres du XXème siècle.

Reconstruction et développement industriel

Après la seconde guerre, Rennes voit l’arrivée et le développement de l’industrie avec l’implantation d’une usine de construction automobile Citroën à Chartres-de-Bretagne en 1961. De nouveaux quartiers sont construits pour accueillir une population d’ouvriers croissante : Maurepas, Le Blosne, Villejean, les quartiers du Colombier et de Bourg-l'Evêque sont entièrement rénovés.

Les télécoms

En 1972, le Centre Commun d'Études de Télévision et de Télécommunications est créé à Rennes par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et le CNET (Centre national d'études des télécommunications) dans le but de développer de nouvelles techniques de traitement et de transmissions des signaux audiovisuels. C’est ici que sera inventé le Minitel.

C’est l'architecte Louis Arretche qui va imaginer la construction d’inspiration futuriste du Mabilay, sur le site des anciens abattoirs de Rennes. On lui doit également le quartier Colombier, les campus de Villejean et Beaulieu, ou encore la création de la salle du Liberté.

Incendie du Parlement de Bretagne


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En 1994, la baisse du prix du poisson, le plan Mellick et la concurrence avec les autres pays européens entraînent une crise majeure du secteur de la pêche en Bretagne. Le 4 février, bloquée par les CRS devant la préfecture, la manifestation des 5 000 marins-pêcheurs dégénère en émeute et de violentes confrontations avec les forces de l'ordre s'engagent.

Un incendie se déclare alors sur la toiture du Parlement de Bretagne et embrase le monument. La cause la plus souvent évoquée est une fusée de détresse utilisée par les manifestants. D'autres pistes font état d’une grenade lacrymogène utilisée par les CRS.

EuroRennes

En juillet 2017, la maire de Rennes Nathalie Appéré, inaugure la ligne LGV qui met la capitale Bretonne à 1h30 de Paris Montparnasse. Le projet titanesque et innovant de la gare EuroRennes est achevé en juillet 2019 et le quartier ultra moderne du même nom suit encore son cours au sud du cœur de ville.

L’histoire de Rennes c’est aussi l’histoire de sa culture, de la galette saucisse en passant par les Trans’ Musicales ou le festival Mythos... rendez-vous sur la page “La culture à Rennes” pour découvrir les incontournables.

Sources : Wikipedia, metropole.rennes.fr, tourisme-rennes.com, placepublique-rennes.com