Histoire de l'architecture à Rennes

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Médiévaux, classiques ou modernes... Avec plus de 90 édifices protégés au titre de Monuments Historiques, Rennes est naturellement classée Villes d'Art et d'Histoire. Mais la cité millénaire n’est pas figée. La ville comptabilise nombre de bâtiments contemporains remarquables et la créativité dans l’histoire de Rennes et de son architecture a encore de beaux jours devant elle.

La Rennes médiévale

© Elena Elisseeva - shutterstock

Les maisons à colombage & rues médiévales

Les maisons traditionnelles à colombages colorés sont le charme médiéval du “vieux Rennes”. Ces bâtiments à étages affichent leurs silhouettes biscornues autour de la Place Sainte-Anne, de la place des Lices et des places Rallier du Batty et du Champs Jacquet.

Les ruelles pavées jouxtent la cathédrale, principalement le long des rues Saint-Sauveur, des Dames, du Chapitre, de la Psalette, du Griffon, Saint-Yves et surtout de la rue Saint Guillaume qui héberge la plus ancienne maison de la ville construite en 1505 pour deux chanoines de la cathédrale voisine. “An Ty Kozh” et ses petites sculptures pittoresques est classée au titre des monuments historiques en 1923.

Les rues bordant la place Sainte-Anne sont également peuplées de façades tordues, ornées de pans de bois : rue de Saint-Malo, rue Saint-Michel (ou rue de la soif), la partie haute de la rue Saint-Louis. Les rues des Dames, Saint-Melaine et Saint-Georges sont, elles, situées à l’angle du Parlement et de la place Hoche.

Les remparts médiévaux

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Aujourd’hui, seul deux vestiges du rempart ont survécu, entre la Place du Maréchal Foch et la Place Rallier du Baty. La fortification ayant été en partie démantelée au début du XVIIème siècle, sur décision du roi. En cause ? le risque de prise des remparts par l’ennemi qui pouvait alors s’y retrancher. Le coût de l’entretien ainsi que le manque de pierre à bâtir dans les environs de Rennes sont également invoqués.

Il reste tout de même des éléments visibles des remparts, notamment dans l’enceinte de la discothèque le Delicatessen, dont l’entrée est située dans la cour de l’ancienne prison du XVème siècle Saint-Michel (impasse Rallier du Baty).

Les portes Mordelaises

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Les portes Mordelaises (du nom de la première paroisse en direction de l’Ouest : Mordelle) ou portes des Ducs de Bretagne, ses deux tours et son pont-levis, sont construits sur l’ancienne enceinte gallo-romaine de la cité du IIIe siècle.

Au XVème siècle, les Portes sont reconstruites pour défendre l’entrée de la ville. En ces temps troublés de Guerre de Succession et de Guerre de Cent ans, les fortifications se multiplient à Rennes. Vers 1450, un rempart s’élève de la Place Rallier du Baty au quartier Saint-Georges. De 1450 à 1470, c’est la partie sud, quartier des tanneurs et des bouchers, qui est fortifiée.

Les Portes Mordelaises sont, par ailleurs, un monument à forte teneur symbolique. Le cérémonial, d’entrée dans la ville des Ducs de Bretagne, avant leur couronnement, s’y déroulait. Par la suite elles restent l’entrée “officielle” de la ville. Les évêques nouvellement ordonnés et autres monarques en visite empruntent ce même parcours des Ducs vers la cathédrale.

Mieux préservées que le rempart, pour leur valeur historique et symbolique, les Portes Mordelaises ont toujours été occupées. Après l’incendie de 1720, les sinistrés sont hébergés dans les tours. Pendant la Révolution elles se muent en prison et se nomment alors « Porte Marat ». Au XIXème siècle des appartements y sont installés. Dans les années 80, une discothèque occupe même le sous-sol de la tour Ouest.

Les Portes Mordelaises font actuellement l’objet d’une mise en valeur avec une promenade qui fera la jonction entre la Place des Lices et la Tour Duchesne (place de Bretagne). Des jardins seront aménagés (le chantier, ralenti par la crise de la Covid 19 sera achevé en 2023). La douve qui bordait le rempart retrouvera sa largeur initiale, révélant son soubassement rocheux. Une passerelle sera créée reliant le parvis des Portes Mordelaises, à la rue Nantaise. Coût total de l’opération : 5 millions d’euros.

Le couvent des Jacobins

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Les fouilles archéologiques menées en 2012 et 2013 ont confirmé que le couvent avait été construit sur un carrefour de la rue principale de Condate. Une statue trônait ici au Ier siècle qui deviendra un temple trois siècles plus tard.

Le couvent est érigé au XIVème siècle, probablement avec les fonds d’un bourgeois rennais : Pierre Rouxel, sous le règne du duc de Bretagne Jean IV.

Entre les XVème et XVIIIème siècles, le couvent est un lieu majeur d'inhumation. Près d'un millier de sépultures sont découvertes par l’INRAP, lors des fouilles, dont des sarcophages de plomb contenant les corps de nobles et personnalités de la ville. Le couvent est un lieu de pèlerinage, en raison de la présence d’un tableau du XIVème siècle représentant la Vierge, aujourd'hui conservé dans la basilique dominant le couvent sur la place Saint-Anne : Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.

Les fiançailles de la Duchesse Anne et de Charles VIII de France s’y déroulent en 1491.

Le couvent connaît son apogée au XVIIème siècle. 60 religieux dominicains y résident alors et l’endroit est un centre de formation dont la bibliothèque hébergera jusqu’à 5 000 ouvrages. La présence des frères prêcheurs dans le couvent décline ensuite, jusqu'à sa fin durant la Révolution.

Le Couvent des Jacobins, est le nouveau Centre des Congrès de Rennes Métropole, ce lieu hors du commun à l’esthétique prodigieusement oxymorale accueille congrès, symposiums, séminaires et conférences… au cœur du Rennes médiéval. Le Couvent des Jacobins est aussi un haut lieu de la culture qui organise, entre autres évènements, expositions et concerts de l’Orchestre Symphonique de Bretagne (OSB).

La Rennes classique

L'hôtel de Blossac

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Il est classé en 1947 au titre des Monuments Historiques. L'ensemble architectural de l'hôtel de Blossac est composé de bâtis édifiés à deux époques différentes. La première dont seul a résisté le corps de logis est construite en 1624. La seconde suit le grand incendie de Rennes et s’achève en 1730 pour l’usage personnel du Président au Parlement de Bretagne : Louis de La Bourdonnaye de Blossac. Son architecture classique, sa superficie, la taille de son bâti et son escalier d'honneur en font un palais classique unique en Bretagne. Probablement dessiné par Jacques Gabriel, architecte de Louis XV, sa principale originalité réside dans l’ensemble de ses deux façades juxtaposées, l'une sur cour et l'autre sur jardin.

De 1732 à 1789, l'hôtel est loué pour loger le commandant en chef de la province de Bretagne, représentant du roi.

Durant la période révolutionnaire, il est scindé en plusieurs appartements. Du début du XIXème siècle jusqu'en 1957, l'hôtel reste la résidence de la famille de La Bourdonnaye et d’autres locataires parmi lesquels Paul Féval qui y voit le jour.

Depuis 1982, il héberge la Direction régionale des Affaires culturelles de Bretagne et le Service territorial de l'architecture et du patrimoine d'Ille-et-Vilaine. L'hôtel étant un bâtiment public, il est possible de visiter les extérieurs ainsi que l'escalier d'honneur aux heures d’ouverture ou lors des journées du patrimoine.

Le Palais Saint-Georges

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Situé au bout de l'avenue Jean Janvier, le palais inscrit au titre des monuments historiques depuis 1930, affiche une imposante façade, éclairée de nuit et visible depuis la gare de Rennes. Sur les vestiges d’une abbaye bénédictine du XIème siècle, l'abbesse Magdeleine de la Fayette (dont le nom est apposé en grandes lettres métalliques sur la devanture) commande la construction 1670 aux architectes lavallois Caris et Corbineau.

La grande galerie à arcades est ouverte sur un jardin à la française. Les armoiries de l’abbaye surmontées d’une couronne royale et des allégories de la Justice et de la Paix ornent le fronton au centre. L’illumination de l’édifice, à la nuit tombée, révèle l’élégance des 19 arcades coiffées de 2 étages en tuffeau.

Lors de la Révolution française, le palais devint une caserne. Dévasté par un incendie en 1921, il est reconstruit et accueille à aujourd’hui la caserne des sapeurs-pompiers, la police municipale, ainsi que certains services administratifs de la ville.

La réhabilitation et surtout la destination du Palais Saint-Georges a fait l’objet de rebondissements. En 2010, l’aménagement du palais en hôtel de luxe est envisagé mais le projet est abandonné en 2014. En 2018, la municipalité vote la création d’une “Maison de la citoyenneté et de la tranquillité publique”. La direction du quartier centre et les directions de la jeunesse et de l’égalité, de la culture, des associations, des sports et de la communication ainsi que la Direction Santé Publique Handicap, rejoindront la Police municipale déjà sur place.

Le Palais du Parlement de Bretagne

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Édifice témoin de l’architecture du XVIIème siècle en Bretagne, le Palais du Parlement de Bretagne présente aujourd’hui la particularité de faire cohabiter justice et tourisme. Il a été restitué à l’identique après 10 ans de restauration (entre 2004 et 2014) suite à l’incendie de 1994. Une cinquantaine d’entreprises travaillent en lien avec l’architecte en chef des Monuments historiques, Alain-Charles Perrot pour 350 millions de francs.

Dirigée par Salomon de Brosse, (architecte du Palais du Luxembourg), la construction du Palais du Parlement dure 40 ans et s’achève en 1655. Au XVIIIème siècle, Jacques Gabriel, architecte de Louis XV (à qui l’on doit également l’hôtel de ville), dessine une place royale qui fait face au monument. S’il n’a plus de fonctions politiques depuis la Révolution française, le Parlement héberge désormais (depuis 1804), la cour d’appel de la ville.

Le XIXème siècle à Rennes

La piscine Saint-Georges


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Classée monument historique en 2016, ce monument emblématique de Rennes, est un petit bijou d’Art Déco. C’est l’un des édifices préférés des rennais. Il accueille les visiteurs, les nageurs et se transforme aussi à l’occasion de festivals et d’événements culturels. Le projet de sa construction est confié à l’architecte de la ville Emmanuel Le Ray, mais celui qui lui appose sa patte créative et qui en fait un monument unique c’est le mosaïste Isidore Odorico.

« La piscine Saint-Georges s’inscrit dans un contexte idéologique particulier... Elle illustre la volonté politique du maire radical-socialiste d’apporter de l’hygiénisme en ville, en pleine période de renouvellement des formes urbaines ».

Gilles Brohan, animateur du patrimoine de l’office de tourisme.

Le Parc du Thabor

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Ancien jardin de l’abbaye bénédictine Saint-Melaine, sa version contemporaine fut aménagée par Denis Bühler, paysagiste réputé du XIXème siècle. On doit l’Orangeraie, le kiosque, la volière, les serres et le portail à Jean Baptiste Martenot . Dans ce parc de 10 hectares, s’entremêlent harmonieusement jardin à la française, parc à l’anglaise, grotte, cascade, fontaines, kiosque à musique, volière, orangeraie (ou des expositions gratuites se tiennent toute l’année) et une roseraie exceptionnelle comptant plus de 2 000 variétés.

Les halles Martenot

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En 1871, deux pavillons à colonne de fonte et de briques polychromes sont édifiés à la façon Baltard (architecte des Halles de Paris). Ces halles dont chaque pavillon couvre un peu moins de 1260 m² sont dessinés par Jean Baptiste Martenot pour couvrir le marché et les évènements de la Place des Lices. Un troisième est réalisé par Emmanuel Le Ray en 1907. En 1990, Elles sont classées monuments historiques.

En 1988, la place est rénovée. Une dalle piétonne est alors créée à l’emplacement de la troisième halle et un parking souterrain est creusé.

En plus du très réputé marché des Lices, encensé par tous les chefs cuisiniers, qui a lieu tous les samedis matin, la halle Martenot accueille différents évènements culturels comme des congrès, défilés de mode, combats de boxe, expositions, brocantes, réceptions…

L'église Sainte-Thérèse


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Dessinée dans les années 30 par l’architecte Hyacinthe Perrin, l'église est considérée comme un chef-d'œuvre de l'Art Déco. Cet édifice composé de béton, bois, grès et schiste de Pont-Réan, affiche des lignes à la géométrie stricte.

Elle adopte un plan proche de la croix grecque avec 28 mètres de large et 38 mètres de long et son dôme culmine à 33 mètres. Elle peut accueillir jusqu’à 1 000 paroissiens. Ses bronzes sont signés Émile Evellin. Ses mosaïques sont réalisées par Isidore Odorico.

Le maître verrier Rault réalise les vitraux. On lui doit, entre autres, les vitraux des chapelles de St Vincent, St Martin, les 3 verrières de l'hôtel de ville, ainsi que les verrières de l'église St Aubin relatant l'histoire de la Bretagne (la 4ème génération de ses héritiers exerce encore aujourd’hui à Rennes). Les peintures murales sont de Louis Garin, artiste rennais. L'église est inscrite aux monuments historiques depuis mai 2015.

L'architecture contemporaine rennaise

Le Mabilay

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Le bâtiment de 16 500 m² de l’architecte Louis Arretche (à qui on doit, entre autres, les campus de Villejean et de Beaulieu) affiche un design futuriste et singulier, en forme de tripode. L’édifice accueille en 1983 le Centre Commun d'Études de Télévision et Télécommunication (CCETT) à l’origine d’innovations technologiques majeures, comme ce qui était alors le plus grand système de conversation informatique à usage privé du monde : le Minitel.

La tour des Horizons

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Dessinée en 1970 par l'architecte Georges Maillols et haut de 96 mètres, elle est l'un des tout premiers immeubles de grande hauteur (IGH) destiné à l’habitation du territoire national. L'immeuble est constitué de deux tours accolées. Construit sur les ruines d’un ancien quartier Bourg-l'Évesque devenu insalubre, il précède de 3 ans la construction de la Tour Montparnasse à Paris. Ses deux tours ont été montées avec un grand nombre d’éléments préfabriqués en un temps record, à raison d’un étage par semaine. C'est le plus haut bâtiment de Rennes.

Les champs Libres

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Le bâtiment signé Christian de Portzamparc est inauguré le 17 mars 2006. Pôle culturel majeur de la ville, il affiche une architecture créative à “géométrie variée”.

La bibliothèque loge dans une pyramide de verre, inversée. L’espace des sciences habite un cône de zinc anthracite terminé en dôme. Tous deux sont plantés dans un "dolmen" plaqué de granit rose, qui abrite le musée. Les dimensions et le dessin de l'ouvrage ne font pas ombrage aux hôtels particuliers en brique du XIXème qui le bordent sur l'arrière et s’accordent avec la tour austère de la CPAM de Rennes qui lui fait face.

"Comment séparer et unifier en même temps, créer un tout avec trois éléments ? Je pensais au nœud, aux anneaux borroméens que le psychanalyste Jacques Lacan présentait tout le temps pendant ses cours, à la fin de sa vie. Je suis parvenu à mettre au point une solution qui était assez audacieuse, et qui me permettait de mettre en relief mon idée"

Christian de Portzamparc

Sources : culture.gouv.fr/Regions/Drac-Bretagne, monumentum.fr, wiki Rennes métropole, sacrés-cœurs-rennes.fr cyberarchi.com

Histoire de Rennes - Des remparts de Condate à la LGV