Trois ans de chantier pour la rénovation du collège Cleunay à Rennes
SOMMAIRE
- Rennes en pleine croissance : un besoin de modernisation général
- Un collège appelé à évoluer dans un quartier en mutation
- Anticiper, moderniser, égaliser
- 21,6 M€ de budget
- Des partenaires désignés après concours
- Un calendrier de travaux échelonné sur plusieurs années scolaires (2025-2028)
- Phase préparatoire : février – juin 2025
- Phase 1 : juillet 2025 – décembre 2026
- Phase 2 : janvier 2027 – mars 2028
- Phase 3 : mars – juin 2028
- La problématique du chantier en site occupé
- Une véritable métamorphose architecturale et fonctionnelle
- D’un patchwork des années 1970 à deux volumes compacts
- Deux pôles clairement identifiés
- Repenser l’usage de l’espace
- Plus de capacité et un outil de restauration repensé
- Sécurité, accessibilité et requalification de l’entrée
- Un collège tout neuf au top de la performance environnementale
- Un bilan carbone contenu dès la conception
- Confort d’été, qualité de l’air et sobriété énergétique
- Mobilités douces et écosystèmes de proximité
En février dernier, le collège Cleunay, dans le quartier ouest de Rennes, a amorcé une rénovation-extension de trois ans qui transformera en profondeur l’établissement construit dans les années 1970. Le chantier prévoit la démolition de quatre bâtiments vétustes au profit de deux volumes neufs, avec une capacité d'accueil et de repas quotidiens augmentés dans un restaurant scolaire modernisé.
Au cœur du programme : performance énergétique, matériaux biosourcés et réorganisation des cours pour favoriser l’égalité filles-garçons, avec une livraison annoncée pour juin 2028.
Rennes en pleine croissance : un besoin de modernisation général
Un collège appelé à évoluer dans un quartier en mutation
Implanté à l’ouest de Rennes, le collège Cleunay dessert depuis près d’un demi-siècle les quartiers Cleunay–Arsenal-Redon et la rive gauche de la Vilaine. Avec l’arrivée d’opérations d'habitat neuf, notamment autour de la Prévalaye et de la ZAC Courrouze, la population collégienne poursuit sa progression, si bien que l’établissement, dimensionné pour quelque 600 élèves, atteint régulièrement son niveau plafond à chaque rentrée.
Le diagnostic patrimonial mené en 2023 par les services du Département a également pointé du doigt la vétusté de quatre bâtiments réalisés selon des standards énergétiques aujourd’hui obsolètes et la difficulté d’assurer des circulations internes lisibles sur un site morcelé. L’étude a confirmé le besoin d’un outil pédagogique plus performant, capable d’absorber la croissance démographique attendue d’ici 2030 et de répondre aux exigences de la nouvelle réglementation environnementale RE 2020.
Anticiper, moderniser, égaliser
Face à ces constats, l’Assemblée départementale d’Ille-et-Vilaine a retenu en 2024 un scénario de « reconstruction partielle en site occupé ». L’option combine démolition sélective, construction neuve et maintien continu des cours grâce à des bâtiments modulaires. Trois finalités guident le programme :
- Anticiper la démographie : la capacité passera progressivement de 600 à 700 places, avec un potentiel d’extension limité mais prévu dans la configuration générale.
- Moderniser le cadre d’apprentissage : circulation clarifiée, création d’un préau central et d’un CDI au cœur du bloc pédagogique, ainsi qu’un restaurant scolaire capable de produire 650 repas/jour.
- Promouvoir l’égalité filles-garçons : deux cours distinctes, séparées par le préau, proposeront des usages différenciés afin que chaque élève puisse investir l’espace sans rapports de domination liés au genre.
21,6 M€ de budget
Le coût prévisionnel de l’opération s’élève à 21 671 350 € TTC. La collectivité assume l’essentiel de l’investissement : 19 060 801 € (soit près de 88 %), complétés par 2 610 549 € d’aides d’État. Le plan de financement a été entériné lors de la session budgétaire de décembre 2024 et inscrit au volet « Collèges » du programme pluriannuel d’investissement départemental 2024-2030.
Les crédits se répartissent entre études (7 %), travaux tous corps d’état (83 %) et équipements mobiliers et numériques (10 %). Les prévisions intègrent une enveloppe pour aléas techniques (3 % du montant travaux) afin de limiter les avenants.
Dans la présentation du dossier à la presse, le président du Conseil départemental, Jean-Luc Chenut, a rappelé que l’attention portée à la performance énergétique permettra de réduire durablement les charges de fonctionnement tout en offrant aux élèves un cadre adapté aux enjeux climatiques
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Des partenaires désignés après concours
La maîtrise d’ouvrage relève directement du Département d’Ille-et-Vilaine. À l’issue d’un concours restreint lancé en juin 2023, le groupement mené par Atelier des Loges a été retenu pour la conception-réalisation. L’agence rennaise assure la coordination générale, secondée par :
- OTEIS : ingénierie VRD, structure, fluides, thermique ;
- Cabinet Collin : économie de la construction ;
- Acoustibel : acoustique ;
- Guillaume Sevin Paysages : traitement des espaces extérieurs ;
- BEGC : équipement de la cuisine et du self.

Un calendrier de travaux échelonné sur plusieurs années scolaires (2025-2028)
Phase préparatoire : février – juin 2025
Démarré la semaine du 10 février 2025, le chantier entame d’abord une séquence de mise en sécurité et de logistique. Les réseaux (chaleur, eaux, électricité et données) sont dévoyés pour isoler les zones appelées à être démolies, tandis qu’un dispositif de bâtiments modulaires – salles de cours, infirmerie, administration – est installé sur la partie nord du site.
Ces constructions provisoires, livrées courant mars, garantissent la continuité pédagogique et administrative pendant toute la durée des travaux. Les clôtures de chantier sont posées ; un plan de circulation distingue clairement flux élèves, chantier et secours. Enfin, les bâtiments 1 et 4, condamnés, reçoivent leurs premiers désamiantages durant les vacances de printemps, afin de limiter l’exposition des usagers.
Phase 1 : juillet 2025 – décembre 2026
Profondément concentrée sur le secteur est du terrain, la première grande phase débute par la démolition intégrale du bâtiment 1 (ancienne administration) et de la chaufferie attenante. Sur cet espace libéré s’élèveront, dès l’automne 2025, les premiers voiles de béton du nouveau pôle « enseignement-administration-CDI » : un volume R+2 de 3 700 m².
Le gros œuvre s’achèvera à l’hiver 2026 ; la pose de la charpente du préau central, au rez-de-cour, se calera pendant les congés de Toussaint pour éviter tout sur-bruit en période de cours. En façade, les panneaux à claire-voie en douglas sont pré-assemblés hors-site afin de réduire la durée d’intervention en hauteur. L’OPC (ordonnancement-pilotage-coordination) planifie chaque levage après 17 h ou les mercredis après-midi, quand la présence d’élèves est moindre.
Phase 2 : janvier 2027 – mars 2028
À l’issue des congés de Noël 2026, les usagers basculeront dans le bâtiment neuf A. Cela libèrera la partie ouest où se trouve l’ancien réfectoire (bâtiment 2). Ce second temps du chantier comprend quatre étapes :
- Redéploiement des clôtures pour créer un nouveau front de chantier côté avenue Jules-Maniez ;
- Démolition du bâtiment 2, effectuée de février à avril 2027, assortie d’un tri sélectif sur site (bois, métal, gravats), conformément au décret BTP 2023 ;
- Construction du bâtiment B, dédié à la demi-pension, au foyer et aux locaux techniques. Cette entité, d’une surface de 2 100 m², intègre une cuisine de production de 650 repas/jour et des cellules froides mutualisées ;
- Création du parvis occidental, qui assurera l’accès principal du collège à terme.
Phase 3 : mars – juin 2028
Dernier sprint du programme, la troisième phase concentrera les interventions de déconstruction du bâtiment 4 (ancienne SEGPA) et l’aménagement paysager global. Entre avril et mai, les entreprises procèderont au reprofilage des cours, séparées par le préau couvert.
Simultanément, deux abris vélos couverts (120 places) seront montés à proximité de l’entrée sud, et la toiture du bâtiment A recevra une centrale photovoltaïque de 50 kWc, raccordée au réseau. L’ensemble des essais techniques (CVC, SSI, restauration) se dérouleront en juin 2028 pour une réception provisoire annoncée fin du mois, juste après les épreuves du brevet.

La problématique du chantier en site occupé
La coexistence de 600 collégiens et d’un chantier de 21,6 M€ n'est pas une mince affaire, cela impose un pilotage sécurité précis. Au total, 1 800 m² d’emprises sont sanctuarisés en permanence ; des cheminements couverts temporaires protègent les élèves des opérations de levage. Les tâches génératrices de bruit (carottage, sciage) sont concentrées sur les périodes de petites et grandes vacances ; celles de poussière (démolition, sablage) bénéficient d’un arrosage et d’un dépoussiérage continu.
Un comité de suivi, réunissant la direction du collège, les parents d’élèves, la maîtrise d’œuvre et le Département, se réunit chaque mois pour arbitrer les ajustements de planning. Enfin, pour limiter les rotations camionnées, 25 % des gravats de démolition sont concassés et réemployés sur place en couche de forme, réduisant d’environ 140 t les émissions de CO₂.
Une véritable métamorphose architecturale et fonctionnelle
D’un patchwork des années 1970 à deux volumes compacts
L’état initial du collège reposait sur quatre bâtiments ajoutés au fil des décennies, sans cohérence d’ensemble : juxtaposition d’orientations, circulations morcelées et performance énergétique très faible. Le programme retient la démolition totale de ces entités pour ériger deux corps neufs, disposés en peigne dans la déclivité du site. Cette disposition encadre la parcelle, ouvre une perspective nord–sud et restitue la lisibilité des accès depuis l’avenue Jules-Maniez.
Deux pôles clairement identifiés
Le premier bâtiment (R+2, 3 700 m²) concentre l’enseignement, l’administration et le CDI, organisés autour d’un atrium éclairé zénithalement. Le second (R+1, 2 100 m²) abrite la vie scolaire, la restauration, un foyer et les ateliers de maintenance. Un découpage réfléchi pour rapprocher les fonctions pédagogiques, limiter les déplacements d’élèves, et situer la demi-pension en proue pour faciliter les livraisons sans croiser les flux scolaires.
Les espaces techniques (chaufferie bois-gaz, locaux déchets, locaux deux-roues) s’alignent à l’ouest pour ménager un front urbain à faible hauteur côté logements voisins.
Repenser l’usage de l’espace
Entre les deux édifices s’installe un préau de 350 m² qui fait office de charnière climatique : en hiver, il constitue un tampon non chauffé ; aux beaux jours, il se métamorphose en agora pour les activités physiques courtes. De part et d’autre, les concepteurs distinguent une cour “active” (revêtement drainant, paniers de basket et tracés multisports) et une cour “calme” (banquettes béton / bois, gradins sur talus), conformément à la politique départementale d’égalité filles-garçons : chacun peut choisir son ambiance sans hiérarchie implicite des usages.
L’implantation en gradins épouse la pente naturelle ; côté nord, un parvis basculé vers la ville signale la nouvelle entrée et renforce la porosité avec l’espace public.

Plus de capacité et un outil de restauration repensé
L’ensemble développera 6 554 m² de surface plancher, dimensionnés pour 700 élèves contre 600 actuellement. La restauration passe de 500 à 650 repas-jour grâce à une cuisine de production en liaison chaude et des chaînes froides mutualisées. Pour absorber ces flux, la salle à manger est conçue en portique lamellé-collé de 18 m libre, permettant un réaménagement futur sans reprise de structure. La configuration en double file de self fluidifie le service et abaisse le temps d’attente, mesuré à 11 minutes lors de la simulation de flux.
La cuisine de production est conçue pour atteindre l’objectif départemental de « 50 % de produits à la fois bio et locaux dans les repas » et pour lutter contre le gaspillage grâce à une ligne de self en double flux et à des pesées quotidiennes des rejets solides.
Sécurité, accessibilité et requalification de l’entrée
La nouvelle entrée principale se situe désormais à l’ouest, sur un parvis élargi, sécurisé par un retrait de 12 m par rapport à la chaussée ; un filtre planté matérialise la zone “kiss-and-go”. L’accessibilité universelle est assurée : rampes à 4 %, ascenseur traversant, contrastes visuels des nez de marches et boucles magnétiques dans les salles de réunion. Les cheminements intérieurs s’appuient sur une trame de couleur unique par niveau pour faciliter le repérage cognitif.
Les plafonds suspendus intègrent des dalles de laine de bois ; l’objectif de temps de réverbération est de 0,4 s dans les salles de classe (au-delà des exigences de l’arrêté du 25 avril 2003), afin d’améliorer l’intelligibilité de la parole et de réduire la fatigue auditive.
Côté sécurité incendie, les circulations horizontales encloisonnées débouchent sur des escaliers extérieurs en béton, dimensionnés pour une évacuation complète en cinq minutes.
Un collège tout neuf au top de la performance environnementale
Un bilan carbone contenu dès la conception
Dès le concours, la maîtrise d’œuvre a fait le choix d’aligner le projet sur la RE 2020 et d’obtenir le label « Bâtiment biosourcé » niveau 1 – un engagement rare dans le parc des collèges rennais. Les murs seront isolés par l’extérieur avec panneaux en fibre de bois, complétés, à l’intérieur, par des cloisons Fermacell et un isolant en coton recyclé ; les sols utiliseront du linoléum naturel sans PVC.
Cette enveloppe faiblement carbonée est associée à une structure mixte béton/ossature bois : l’inertie du béton limite les surchauffes, tandis que le bois stocke du CO₂ pendant tout le cycle de vie de l’ouvrage. À la clé, la fiche d’analyse de cycle de vie établie par le bureau Oteis annonce un gain de 32 % sur les émissions « produits de construction » par rapport au seuil maximal RE 2020, catégorie Établissement scolaire.

Confort d’été, qualité de l’air et sobriété énergétique
Pour éviter les recours à la climatisation, le bâtiment A adopte une orientation nord-sud, des coursives ventilées et des protections solaires fixes dimensionnées selon des simulations d’ensoleillement. La ventilation double flux affiche un taux de récupération supérieure à 80 % et une régulation automatique sur la concentration de CO₂ ; les calculs thermiques prévoient une teneur inférieure à 1 000 ppm en pleine occupation.
La chaufferie mixte (330 kW bois granulés + 700 kW gaz) assure le talon hivernal, tandis qu’une centrale photovoltaïque de 50 kWc couvrira environ 16 % des besoins électriques annuels ; l’excédent est réinjecté dans les usages communs des deux pôles.
L’ensemble des luminaires sera exclusivement à LED, avec détection de présence et gradation selon l’apport de lumière naturelle. Ces choix devraient conduire à un indice Bbio inférieur de 25 % au seuil réglementaire* et à une consommation d’énergie primaire cible de 78 kWh/m².an.
Mobilités douces et écosystèmes de proximité
La réorganisation du site inclut deux locaux à vélos couverts et sécurisés (60 places chacun) positionnés à proximité immédiate du parvis occidental et du portail sud ; ils sont raccordés au réseau cyclable de l’avenue Jules-Maniez et équipés de bornes de recharge pour vélos à assistance électrique.
Une noue paysagère récupère les eaux pluviales des toitures, favorise l’infiltration et constitue un linéaire de biodiversité avec des essences locales (aulnes, saules, iris des marais). Ces aménagements s’inscrivent dans le dispositif départemental « Collèges bas carbone » qui fixe un objectif global de réduction de 40 % des émissions liées aux déplacements domicile-établissement à l’horizon 2030.
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