ViaSilva à Rennes : Où en est ce projet urbain colossal ?
Hervé Koffel
SOMMAIRE
- ViaSilva : Un géant urbain en pleine métamorphose
- Chronologie d'un chantier hors norme
- 800 logements livrés, une école en chantier : la première tranche touche au but
- La Ruche : 21 000 m² de bureaux pour muscler le pôle tertiaire
- 45 hectares de respiration : le pari du quartier-parc
- Les habitants impliqués dans les décisions d’aménagement
Le vaste nouveau quartier ViaSilva à Rennes est desservi par le métro depuis 2022 et ambitionne d'accueillir 7 000 logements et 15 000 habitants d'ici 2035. Entre les premiers appartements habités et les chantiers qui se multiplient, faisons un état des lieux de ce projet titanesque trois ans après les premières livraisons.
ViaSilva : Un géant urbain en pleine métamorphose
Étalé sur 115 hectares à cheval entre Rennes et Cesson-Sévigné, ce chantier pharaonique vise à créer une ville dans la ville. Les objectifs donnent le vertige : 7 000 logements neufs à Rennes et Cesson, 100 000 m² de bureaux, des dizaines de commerces et d'équipements publics. À terme, entre 15 000 et 18 000 personnes fouleront les trottoirs de ce nouveau quartier, soit l'équivalent d'une commune moyenne bretonne transplantée aux portes de la capitale régionale.
Le projet a germé dans les années 2010, époque où Rennes Métropole cherchait à répondre à une pression démographique croissante. La mise en service de la ligne B du métro en septembre 2022, avec ses stations Atalante et ViaSilva, a donné le coup d'envoi d'une accélération spectaculaire. Trois ans plus tard, le paysage a basculé. Là où s'étendaient encore récemment des friches et des terrains agricoles, plusieurs centaines de logements accueillent désormais leurs premiers occupants.
Le calendrier reste ambitieux. D'ici 2030, la majorité des infrastructures devrait être achevée. L'horizon 2035 marquera la fin des travaux, avec un quartier pleinement opérationnel. Reste à savoir si ce timing, déjà repoussé à plusieurs reprises dans d'autres projets urbains français, tiendra la route face aux aléas du marché immobilier et aux contraintes environnementales de plus en plus strictes.
Chronologie d'un chantier hors norme
- Années 2010 : Premières études et conception du projet ViaSilva par Rennes Métropole
- Mi-2010 : Démarrage des travaux d'aménagement des voiries et réseaux
- Septembre 2022 : Mise en service de la ligne B du métro avec les stations Atalante et ViaSilva
- 2023-2024 : Livraison des premiers programmes de logements, ouverture d'une école et d'une crèche
- Novembre 2024 : Inauguration de la Cyberplace
- Fin 2025 : Environ 800 logements livrés ou en construction
- 2025-2030 : Commercialisation active, extension des équipements publics et espaces verts
- 2030-2035 : Achèvement prévu de l'aménagement global du quartier
800 logements livrés, une école en chantier : la première tranche touche au but
D’ici décembre 2025, les 100 derniers logements de la première tranche résidentielle, baptisée « Les Pierrins », sortiront de terre avenue des Champs-Blancs. Avec eux s'achève une étape colossale : 800 logements livrés sur ce secteur nord de Cesson-Sévigné, répartis à parts égales entre maisons individuelles et immeubles de cinq étages maximum. Après ces nouveaux logements, on fera une pause pendant deux à trois ans pour que les gens prennent leurs marques
, annonce Jean-Pierre Savignac, maire de Cesson-Sévigné.
Un groupe scolaire verra également le jour dans le quartier, avec une ouverture prévue pour la rentrée 2027. Il comportera huit classes et pourra accueillir 190 élèves, pour un coût total de 7,2 millions d'euros, financés par la Zone d'Aménagement Concerté. La première pierre de cet ensemble sera posée en janvier 2026. L’école sera accompagnée d’un terrain multisport extérieur, budgetisé à 500 000 €, qui verra le jour la même année que celle-ci, et sera équipé d'une piste d'athlétisme pour les cours d'éducation physique.
Les Cessonais auront leur mot à dire quant à l’utilisation du complexe multisports, comme le précise le maire de la commune, qui souhaite que l’équipement puisse être ouvert à tous en journée
. Une concertation a donc été lancée en octobre 2025 pour définir les contours des futurs équipements sportifs.
La Ruche : 21 000 m² de bureaux pour muscler le pôle tertiaire
Bien évidemment, les têtes pensantes de ViaSilva ne misent pas que sur l'habitat pour attirer les regards. Le quartier d'affaires, collé à la station de métro Atalante, accueille depuis l'été 2025 le chantier de La Ruche, un programme tertiaire du Groupe Lamotte, avec une livraison prévue pour début 2027.
- 21 330 m² répartis en quatre bâtiments
- R+4 à R+6
- Trois niveaux de sous-sol et près de 300 places de parking
Le projet se veut autre chose qu'un empilement de bureaux aseptisés : Il accueillera notamment une halle couverte de 600 m², pensée comme une « rue active », qui traversera le rez-de-chaussée et s'ouvrira au public extérieur. Crèche, restaurant, salle de sport, vestiaires, local à vélos sécurisé... 2 000 m² seront également dévolus aux services partagés. L'idée ici est de créer un îlot de vie capable d'attirer salariés et visiteurs au-delà des horaires de bureau classiques.
Les espaces disponibles se remplissent vite. Le bâtiment A (6 800 m²) n'affiche plus que 1 000 m² libres. Le bâtiment B (2 330 m²) est intégralement occupé par l'entreprise WE FLEX. Restent les bâtiments C et D, en cours de commercialisation, qui totalisent 12 200 m². Le promoteur Lamotte joue la carte environnementale avec l’obtention d’une certification BREEAM et un label BiodiverCity, promettant un « îlot de fraîcheur » via la végétalisation massive du site.
Un pôle tertiaire qui fait écho a l’ambition plus large du quartier, à savoir d’attirer 8 400 emplois à ViaSilva d'ici 2045, selon les projections de Rennes Métropole. Entre le campus technologique Atalante, qui s'étend progressivement, et ces nouvelles surfaces de bureaux, le quartier vise un équilibre habitat-emploi pour limiter les migrations pendulaires. Reste à savoir si les entreprises suivront au rythme espéré, dans un contexte immobilier tertiaire national plutôt morose.
45 hectares de respiration : le pari du quartier-parc
Le projet ViaSilva s'articule autour d'une ambition forte de faire cohabiter urbanisation dense et espaces naturels généreux espaces naturels généreux. Deux parcs structurent le quartier : celui de Boudebois, mastodonte de 40 hectares qui occupe le cœur du projet, et celui de Belle Fontaine, plus discret, à l'entrée du boulevard des Alliés. Entre les deux, un réseau de « rues-jardins » tisse des corridors écologiques, mêlant promenades arborées et mobilités douces.
Les habitants impliqués dans les décisions d’aménagement
ViaSilva expérimente la co-création avec les habitants à travers La Fabrique ViaSilva, une série d'ateliers participatifs lancés en 2023. La plaine des sports, au bout de la rue des Tusseaux, en est le premier résultat. C’est un vaste terrain aménagé accueillant un terrain de volley, des cages de football, de tables de ping-pong et un boulodrome. Tout cela pensé et réclamé par les résidents eux-mêmes.
Le long de l'avenue des Champs-Blancs, face à la conciergerie de quartier La Cabane ViaSilva, le Jardin des proximités illustre cette également démarche participative. Dans ce hameau de verdure, on retrouve notamment un kiosque, un parcours ludique en bois, et une aire de jeux pour enfants qui y ont été érigés en 2025. Là encore, ces installations répondent aux propositions formulées lors des ateliers de concertation. Vous l’aurez compris, les habitants ne subissent pas leur quartier, ils le façonnent.
La Place ViaSilva, elle, est l’épicentre du quartier avec son terminus de métro et son parking relais. Elle joue cependant aussi la carte du ludique, avec l’aménagement d’un skatepark qui côtoie un « arbre à basket » (depuis 2025). Ces équipements légers, rapides à déployer, permettent d'animer les espaces publics avant même que les programmes immobiliers ne soient achevés. Une manière d'éviter l'effet « quartier fantôme » qui plombe souvent les grandes opérations d'aménagement.
À quelques coups de pédale, les habitants accèdent à la forêt de Rennes (2 915 hectares), au parc des Gayeulles (le plus vaste de la ville), ou encore à la vallée de la Vilaine. Ces connexions avec la nature environnante transforment ViaSilva en porte d'entrée vers des poumons verts à l'échelle métropolitaine.
À Cesson-Sévigné même, cinq parcs municipaux, des plans d'eau et des aires de jeux complètent l'offre. Le pari : offrir aux futurs 15 000 habitants un cadre de vie où la nature structure véritablement l'espace urbain. Reste à voir si cet équilibre tiendra une fois les dernières tranches de logements livrées et la pression foncière à son maximum.
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