Prairies St Martin : le nouveau Central Park de Rennes !

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le 03 décembre 2018

[ mis à jour le 12 juillet 2023 ]

SOMMAIRE

© Nancy Bauer / Shutterstock

La métropole de Rennes fait face à une croissance de plus en plus soutenue. Cet automne, le classement MeilleursAgents la plaçait encore en tête des 11 principales villes de France où il fait bon réaliser un achat immobilier. Mieux, elle est la seule agglomération qui décroche le score maximal de 5 étoiles.

La raison de cet engouement général ? La ville cumule les atouts ces dernières années : une croissance démographique au plus fort, un chômage contenu avec un bassin d’emploi en bonne santé, une forte population étudiante, la récente desserte de la LGV qui place Rennes à 1h20 seulement de Paris, la construction d’une seconde ligne de métro… Autant de critères d’attractivité qui viennent jouer en sa faveur et doper la demande en logements. Si bien qu’« En Bretagne, 58 % des ventes se font sur la métropole rennaise », pour Bouygues Immobilier. Un avis partagé par Hans Oswald, directeur commercial d'Icade Promotion, qui précise le type de ventes majoritaire : «Nous faisons ici 55 % de nos ventes en Pinel et 45 % en résidence principale ».

Dans un tel contexte, la ville de Rennes doit poursuivre son renouvellement sur elle-même, en maintenant ce délicat équilibre qui en fait un espace fortement urbanisé mais aussi attaché à s’inscrire avec harmonie et respect dans son environnement. Une démarche sur le Pinel et la RE2020 vers laquelle s'engage Rennes. Pour accueillir les 1.500 nouveaux logements par an nécessaires à loger ses nouveaux arrivants, Rennes doit donc continuer de construire, mais sans consommer d’espaces naturels ou agricoles.

C’est un objectif déjà respectable, mais Rennes veut mieux faire. Elle compte non seulement s’abstenir de consommer de nouveaux espaces naturels, mais aussi et surtout préserver et valoriser les existants. Le dernier projet en date, qui témoigne de tout l’attachement de la cité à choyer ses havres de nature en ville : l’aménagement des prairies Saint Martin en un immense parc naturel urbain.

Un projet unique en France

Le parc naturel urbain des Prairies Saint-Martin, situé entre le canal d'Ille-et-Rance et un bras naturel de l'Ille, à quelques centaines de mètres de la place Sainte-Anne et à deux pas de la future station de métro Jules-Ferry, se promet d’offrir 30 hectares de nature et de loisirs aux Rennais d’ici 2021.

Commencés en 2017, les travaux doivent permettre au secteur de prendre une nouvelle dimension dans le cœur et dans l’environnement des habitants de la métropole.

« Ce sera bientôt le poumon vert de la ville avec un parc qui mêlera zones humides et préservées, des prairies pâturées, des aires de jeux et de détente ainsi que des endroits pour observer la nature. »
Daniel Guillotin, adjoint à la ville de Rennes en charge de l’écologie

La préservation et l’aménagement de ce lieu représente donc un acte fort politiquement, humainement, urbanistiquement et écologiquement, qui vient confirmer le statut de celle qui fut élue « Capitale française de la biodiversité 2016 » . Un classement qui pourrait être conforté avec la mise en place en 2022 de la RE2020.

Projet unique en son genre en France, simplement d’abord parce que très peu de métropoles disposent d’un tel espace naturel si près de leur centre, le parc naturel urbain des Prairies Saint-Martin va permettre à la ville de répondre au moins partiellement au défi climatique, tout en développant une offre culturelle et de loisirs d’une richesse et d’une rareté inédite sur le territoire.

Le projet va se faire autour des habitations bordant le canal, les seules autorisées à rester debout. Trois familles vont tout de même déménager, leurs maisons se situant sur l’emprise du futur parc. Ce sera une page d’Histoire qui se tourne pour les quelques habitants restants, certainement les derniers qui auront vécu là : « Quatorze habitants pour huit maisons, plus les squatteurs », énumère Dominique, un riverain de 62 ans a toujours vécu au bord du canal Saint-Martin. « Quand on sera partis, la maison reviendra à nos enfants. Mais jamais ils ne viendront habiter ici », commente un autre riverain de 86 ans.

Une chose est certaine, si la population habitante diminuera peut-être sur les Prairies, la fréquentation, elle, risque bien d’exploser.

Un aménagement sur mesure

Ce plan d’aménagement a été imaginé par la ville de Rennes pour tirer le meilleur parti des contraintes de l’environnement. Forcée de s’adapter au plan d’expansion des crues, la municipalité en a profité pour imaginer un grand parc urbain mixant aires de jeux, lieux de représentation pour les évènements culturels, espaces naturels en friche et zones de pâturages pour les animaux.

Devenue zone inondable, cette immense friche végétale est un lieu atypique qui va se voir préserver et mettre en valeur, mais qui n’accueillera plus aucune construction. « Si ce n’était pas une zone humide, cela ferait longtemps qu’il y aurait des bâtiments ici », souligne Laurence Roux, chargée du projet à la ville de Rennes.

La prairie inondable permettra ainsi de stocker les crues de l’Ille, la rivière qui rejoint la Vilaine au centre-ville. En même temps, les Prairies représenteront un véritable îlot de fraîcheur en cœur de ville, puisqu’il y fera 2°C de moins que dans le reste de la ville.

Un territoire précieux

Située en lisière Nord du centre-ville rennais, les Prairies Saint-Martin offrent un point de vue unique sur la ville, en générant une mise à distance par rapport au milieu urbain. C’est l’eau, première ouvrière du site, qui a permis de préserver cette zone naturelle en pleine ville.

Le projet se base sur cette identité naturelle particulière, tout en tirant parti de la culture urbaine spécifique de Rennes. C’est inspirés par l’offre foisonnante de festivals culturels, favorisant une appropriation temporaire ou permanente de l’espace public par les habitants, que les concepteurs du projet ont envisagé les Pairies comme lieu de rassemblement culturel et populaire. Ce qu’elles sont déjà en un sens, comme en témoignent les initiatives déjà en place sur le site.

La structure spatiale et végétale du projet est largement issue de l’armature actuelle du lieu, et donc pensée selon une perspective qualitative. Le chantier va seulement consister à clarifier les différentes structures de paysage existantes. S’organisant selon un gradient ouest-est de naturalité et d’humidité, du plus domestique au plus sauvage, du plus sec au plus humide, le site préservera cette gradation en la mettant en valeur, aussi bien sur le plan paysager et spatial, qu’écologique.

Nature et culture réconciliées

En bordure Ouest des prairies, le quai artificialisé du canal Saint-Martin sera configuré pour accueillir les activités les plus intensives. Aujourd’hui linéaire, il prendra de la largeur grâce à une aire d’influence élargie, permettant le déploiement du circuit festif et évènementiel prévu pour les activités que sera amené à héberger le site. Dans la continuité, une succession d’espaces annexes se développeront le long du canal et aux abords des prairies, de manière à rythmer le parcours des promeneurs et à générer des points d’intensité appropriables au gré des évènements spontanés. Partant de ces accès les plus fréquentés, des transversales perceront les gradients paysagers et offriront des perspectives aux promeneurs : jardin arboretum au Sud, et verger au Nord.

Sur la frange Est, on trouvera une zone naturelle protégée accueillant des étendues d’eau libre. Réservoirs naturels reconstitués, peu profonds, ils s’assècheront en partie au cours de l’année, tout en favorisant le développement de roselières, mégaphorbiaies, et boisements alluviaux, attirant une faune variée (avifaune, amphibiens, odonates…). En période humide, la zone servira de champ d’expansion des crues de l’Ille. La gestion de l’eau sur ce territoire ne représentera donc plus une contrainte, mais offrira au contraire des possibilités de création d’un paysage remarquable, à forte valeur pédagogique. Afin de permettre à la faune d’évoluer en toute tranquillité tout en permettant au public de profiter de la richesse du lieu, quelques points d’observation ponctuels et dissimulés (affûts et cabanons) seront installés.

Faciliter et multiplier les chemins pour les rendre accessibles

Le projet de parc naturel aux prairies Saint-Martin a été pensé de manière à faciliter et multiplier des cheminements doux, pour rendre accessible cette friche naturelle méconnue.

Sur les berges du canal, on trouvera un parvis où jouer à la pétanque et au palet, un kiosque, une placette et une terrasse devant « la longère », des gradins le long du chemin de halage, une guinguette… Les Prairies seront également le lieu idéal pour les balades en famille, les marcheurs et les joggeurs.

 

L'étonnante butte de jeu face au parc des Tanneurs, pourra, tout comme la « plaine festive et sportive » , accueillir les promeneurs et des manifestations de plein air (spectacles, animations, expositions...). Ces espaces ont été modulés pour un usage très mixte, qui permettra au lieu de développer une offre d’activités d’une richesse et d’une diversité n’ayant de limites que celles de l’imagination.

Les accès seront eux-aussi repensés. Les trois entrées majeures du site seront aménagées pour jouer un rôle d’attracteur et d’invitation à fréquenter le parc. Pour cela, elles ont été pensées pour offrir des programmes urbains susceptibles d’accrocher les quartiers riverains :

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Un observatoire naturel des espèces végétales et animales

Au sein de cet ilot de 30 hectares de nature en pleine ville, 1000 arbres seront plantés. À la fois espace naturel et culturel, le lieu comprendra une succession de prairies diversifiées s’étendant du Nord au Sud : prairies pâturées, naturelles, humides, fourragères, steppes... Ces milieux ouverts accueilleront des activités récréatives permanentes ou temporaires (jardin de la longère, festivals, cirques…), tout en favorisant le développement d’espèces végétales et de milieux propices à la biodiversité (boisements refuge).

Les futures prairies accueilleront des pâturages de chevaux, ânes et bovins : vache Pie Noire, une espèce rustique locale, et vache Highland d’Écosse, pour la partie la plus sauvage.

Au centre des prairies, le bocage, de part et d’autre du ruisseau, bras naturel de l’Ille, jouera des rôles multiples :

D’autre part, le maillage induit par les haies définira en douceurs des parcelles de taille modeste, à usages variés, tantôt prairies (enclos pour les animaux, « salon pique-nique », parcelles expérimentales), tantôt plus boisées.

Plus à l’Est, connectée au bocage, la «forêt galerie» marquera la transition entre zone naturelle protégée et micro-bocage réinvesti. Elle constituera un couloir végétal permettant de dissimuler les visiteurs vis-à-vis des animaux sauvages vivant sur la zone humide, tout en ménageant des fenêtres visuelles de part et d’autre.

Un relevé d’espèces a été réalisé avant le chantier, et un échantillonnage sera effectué après les travaux, le but étant de savoir quelles espèces partent ou arrivent. Pour cette étude, les échanges sont nombreux entre les scientifiques et la ville de Rennes.

Ils coopèrent d’ailleurs aussi sur d’autres dossiers, une discussion étant actuellement en cours sur la compensation écologique pour la seconde ligne de métro, en chantier, afin de créer des habitats pour les chauves-souris.

Les prairies abritent un faune très variée © Rennes Métropole

Une coopération inédite entre chercheurs et municipalité

Ce projet aux Prairies Saint Martin est à la fois le fruit d’une longue concertation avec les habitants, et d’une mise en commun des intelligences, des impératifs et des objectifs des chercheurs et des agents municipaux en charge de l’urbanisme. En ce sens, il est un exemple inédit de ce qu’il est capable de se faire en matière d’urbanisme durable, ou de gestion de la biodiversité en milieu urbain, selon l’angle que l’on souhaite adopter.

« Les préoccupations de la ville rejoignent nos problématiques. Il y a une convergence entre la demande sociale de nature en ville, les obligations légales et nos recherches. »
Solène Croci, écologue urbaine CNRS au LETG à Rennes, responsable du suivi de la biodiversité des prairies Saint-Martin

Pour Philippe Clergeau, spécialiste de la nature en ville, «Les trames vertes, qui commencent à être intégrées dans les plans locaux d’urbanisme, permettent aux villes d’avoir un fonctionnement écologique global. »

La fin des gouvernances opposées entre la ville et la campagne qui s’opère dans la métropole rennaise est une très bonne nouvelle, et pour l’urbain, et pour la nature. L’intégration du périurbain dans les métropoles ne peut être qu’un atout pour la biodiversité :

« La métropolisation et les plans d’urbanisme intercommunaux ne prennent pas seulement en compte les cœurs de villes et de bourgs, mais tout le tissu urbain. Nous comprenons enfin qu’il y a des espaces indispensables à la survie de la biodiversité et de la ville ! Elle ne peut plus être séparée de la campagne. La ville doit être durable, dans son contexte géographique et écologique. »
Philippe Clergeau, spécialiste de la nature en ville

La Trame Verte et Bleue : l’outil des écologues, géographes et spécialistes du génie civil pour enrichir la biodiversité en ville

Pour contrer le déclin croissant de la nature en ville et les conséquences délétères qu’on lui connaît, les villes doivent désormais intégrer des trames vertes dans leurs plans locaux d’urbanisme. Cela signifie aménager des corridors naturels pour établir des continuités écologiques sur le territoire urbain.

« La ville est un écosystème original, en raison de la très forte minéralisation des sols, avec des structures telles que la voirie et le bâti. Cela engendre une fragmentation très forte des habitats, qui empêche les déplacements de certaines espèces. »
Solène Croci, écologue urbaine CNRS au LETG à Rennes, responsable du suivi de la biodiversité des prairies Saint-Martin

Pour mettre en place ces corridors, les aménageurs doivent tenir compte de tous les usages d’un espace, sans nuire pour autant au développement économique de la ville.

De plus, aménager un corridor n’est pas chose si aisée. Un corridor adapté à une espèce ne l’est pas forcément pour une autre : les hérissons préfèrent les sites boisés, là où certains papillons apprécient les prairies. Pour y voir plus clair, les chercheurs ont modélisé puis validé sur le terrain les corridors écologiques de la ville, afin d’identifier les « chemins de moindre coût » (ceux que les animaux ont le plus de probabilité d’emprunter) pour chaque espèce en présence (ç’a été l’objet de l’expérience Corbam, terminée en 2017).

Une nouvelle expérience est en cours, visant à identifier précisément quels végétaux ou structures sont privilégiés par les animaux. Pour ce faire, une vingtaine de hérissons a été équipée de GPS, grâce auxquels les scientifiques vont pouvoir suivre leurs déplacements à Rennes.

Pour les chercheurs en éco-urbanisme, la densification des villes doit s’accompagner d’une préservation et d’un renforcement de la Trame Verte et Bleue. Différents objectifs sont par là visés :

Ces travaux sont en voie d’être complétés par la mise en œuvre d’un partenariat avec le laboratoire Costel, chargé de vérifier l’impact de la Trame Verte et Bleue sur l’îlot de chaleur urbain.
La Métropole de Rennes est donc en train de développer aux Prairies Saint Martin une sorte de laboratoire des villes de demain, capables de répondre au défi du réchauffement climatique de la plus créative des manières.

Un aperçu de la biodiversité à Rennes from Rennes, Ville et Métropole on Vimeo.

[ En Résumé ]

Alors que le réchauffement climatique s’intensifie, la dernière relève faisant passer à 6°C l’îlot de chaleur urbain dans l’agglomération rennaise, le projet d’aménagement des Prairies Saint Martin témoigne des efforts conjoints de la Métropole, des urbanistes et des écologues pour conserver la viabilité de nos villes en renforçant leur lien profond avec l’écosystème naturel où elles s’insèrent. À terme, cet espace précieux devrait devenir à la fois un îlot de fraicheur participant à enrayer le réchauffement climatique, en offrant une température de 2°C inférieure au reste de la ville, mais aussi un lieu où les Rennais pourront renouer avec la nature, la sentir à proximité, la voir et apprendre à la connaître dans toute sa richesse et sa diversité. Les ambitions portées par ce projet semblent dépasser le strict périmètre des Prairies. C’est toute le territoire métropolitain qui est visé, en filigrane, par cet impératif d’une restauration de la « Trame Bleue et Verte », cet outil théorique qui permet de modéliser l’écosystème urbain en y réinsérant la biodiversité. In fine, il s’agit que les habitants réintègrent la nature dans leur fonctionnement quotidien, afin que la cohabitation entre espèces puisse se faire, au sein même de la ville, de la manière la plus saine et équilibrée possible pour chacune d’entre elles. Pour la municipalité, c’est à ce prix seulement que peut se poursuivre l’urbanisation et, par suite, la formidable ascension rennaise dans les classements des villes où investir.

SOURCES
  • « Spécial immobilier : Rennes, la star », par Léa Desmet - 20minutes.fr, 03/10/2018
  • « Et la ville redeviendra nature », par Nicolas Guillas et Maryse Chabalier, Sciences Ouest n° 365, Octobre 2018, Biodiversité en ville - Espace-Sciences.org, 02/10/2018
  • « Qui sont les derniers résistants des prairies Saint-Martin? », par Camille Allain - 20 Minutes.fr, 21/09/2018
  • « Les travaux démarrent (enfin) aux prairies Saint-Martin », par Jérôme Gicquel - 20minutes.fr, 29/06/2017
  • « Sols et biodiversité. Urbanisme, espaces verts, agriculture, forêt, prévention des risques naturels : les sols sont le socle du vivant ! » Recueil d’actions de collectivités en faveur de la biodiversité - Capitale-Biodiversité.fr, octobre 2016
  • « Prairies Saint-Martin : Un parc naturel au cœur de Rennes ! » - Métropole-Rennes.fr
  • « Prairies Saint-Martin » - Urba-Rennes.fr
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