”Habiter la France de demain” : le bilan d’Emmanuelle Wargon

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Avatar de l'auteur "Hervé KOFFEL" Hervé Koffel

le 15 octobre 2021

[ mis à jour le 19 octobre 2021 ]

SOMMAIRE

La ministre déléguée chargée du logement Emmanuelle Wargon annonçait ce jeudi 14 octobre le verdict de ces 9 derniers mois de la démarche “Habiter la France de demain”. Ces missions et tables rondes avec les experts du secteur du logement avaient pour but d’améliorer la situation du logement neuf à Rennes  et dans toute la France.

Consultation citoyenne pour le logement : la synthèse

L’impact de la crise sanitaire sur la vision citoyenne du logement

Avec la crise sanitaire, certains experts ont prédit un « exode » de la population citadine en quête de plus de confort, des grandes métropoles vers les villes moyennes en milieu plus rural. Or, l’Institut notarial de droit immobilier a indiqué, chiffres à l’appui, que cette tendance n’était pas généralisée à l’ensemble du territoire. Elle a notamment été faussée par « la tension immobilière qui existe dans les zones littorales très demandées où les prix ont augmenté avec une offre limitée ». La volonté de quitter les grandes agglomérations s’est tout de même amplifiée suite à la crise du COVID-19, en raison notamment du développement du télétravail qui diminue la nécessité de vivre proche de son lieu de travail.

L’impact de la crise au niveau citoyen a fait ressortir plusieurs informations :

  • Un quart des personnes interrogées souhaitant changer de lieu de vie le ferait d’abord pour être plus proches des services et transports.
  • Les centres-villes semblent être les zones d’implantation favorites, quelle que soit la taille des communes.
  • La crise sanitaire a exacerbé l’envie des Français pour des logements plus spacieux et calmes.
  • En ville, les premiers inconvénients recensés sont le manque d’espaces verts et les nuisances liées aux bruits de la circulation, au voisinage, aux incivilités, aux travaux.
  • Les répondants voudraient majoritairement partir vers des zones moins denses.
  • Les résidents des communes de moins de 20 000 habitants, en milieu rural, sont ceux qui ont le moins envie de changer de lieu de vie.

Une vision précise du logement idéal

© Chlorophylle Photography - Shutterstock

Selon le rapport de la démarche d’Emmanuelle Wargon, le « logement idéal » tel que vu par les citoyens doit répondre à certains critères : il est adapté au résident, peu cher, bien agencé, suffisamment grand, confortable et possède un extérieur (jardin, loggia, terrasse ou balcon). Après étude, il apparaît que pour bien vivre dans son logement, il faut :

  • Avoir suffisamment de fenêtres
  • Avoir un logement lumineux
  • Avoir un bon agencement intérieur
  • Avoir une distribution des pièces satisfaisantes
  • Pouvoir réaliser des travaux dans son logement

Afin de répondre à ces conditions de confort et de qualité d’usage, la ministre du logement avait missionné Laurent Girometti et François Leclercq pour la rédaction d’un référentiel qui permettrait d’identifier des moyens d’améliorer la qualité d’usage du logement. Le duo a pu constater la baisse de surface habitable générale, et donc de confort. Il ressort donc de leur rapport des critères essentiels pour le logement de demain : l’augmentation de la surface minimale par typologie de logement, l’augmentation de la surface minimale des chambres, l’agrandissement de la hauteur sous plafond, un espace extérieur, la présence d’espaces de rangement ainsi qu’une orientation optimisée.

« Le levier national le plus solide pour influer sur les caractéristiques des logements collectifs neufs est, selon nous, le dispositif d’investissement locatif Pinel. Celui-ci se prête à une conditionnalité de l’aide : nous proposons donc de l’utiliser pour inciter à produire des logements neufs de meilleure qualité. »

Laurent Girometti

Emmanuelle Wargon a indiqué que ce référentiel constitue « une base équilibrée dont les élus et les opérateurs pourraient se saisir afin de rendre les logements plus désirables pour les citoyens ». Les critères cités seront utilisés pour encadrer les modalités du dispositif Pinel + à partir de 2023.

La vision du logement idéal chez les citoyens est en tout cas en très large majorité orientée vers la maison individuelle ; 80% des personnes interrogées la préfèrent à la vie en appartement. Cependant, un conflit d’opinion entre en jeu lorsqu’il s’agit de la question « où construire ? ». En effet, densifier les villes et favoriser les constructions en hauteur permet de limiter l’artificialisation des sols causée par l’étalement urbain. Mais la population se trouve déjà trop à l’étroit et renâcle à la multiplication des complexes d’appartements citadins et les nuisances sonores. D’un autre côté, le rêve de l’écrasante majorité de français de la maison avec jardin, au calme permet de désengorger les villes qui croulent sous les embouteillages.

Finalement, les différentes opinons recueillies révèlent que les citoyens sont généralement « prêts à accepter de profiter de moins de surface et à renoncer à la privatisation de certains espaces », mais en contrepartie ils souhaiteraient plus de conscience écologique de la part des constructeurs, notamment voir se développer les écoconstructions et des lieux qui préservent la biodiversité, ainsi que plus de solutions de réhabilitation et rénovation des logements.

Rénovation et réhabilitation

Les travaux de rénovation d’un logement sont souvent très onéreux, surtout pour une remise à niveau totale de l’isolation thermique et phonique ou de l’amélioration de la performance énergétique inscrites dans la logique de développement durable. Les aides publiques pour de telles rénovation et notamment MaPrimeRénov’, ont connu un grand succès sur l’année 2021, si bien que l’objectif de 400.000 dossiers a été revu à la hausse (et même multiplié par 2). Le gouvernement a donc décidé d’allouer 1 milliard d’euros supplémentaires au dispositif afin d’encourager les propriétaires à passer le cap des travaux de rénovation pour réduire la consommation d’énergie et l’empreinte carbone.

© Olena Ukhova - Shutterstock

L’autre sujet débattu est celui de la réhabilitation, soit la transformation de bureaux en logements. En effet cette pratique timide (5300 logements par an sont des anciens bureaux) mériterait d’être beaucoup plus exploitée et il a été question d’identifier des freins qui pourraient l’empêcher.

« On assiste à un changement de perception sur le sujet de la transformation des bureaux. Aujourd’hui, le marché considère que la norme c’est de démolir. Demain, la norme pourrait être la transformation avec la création d’un permis de transformer comme on a le permis de construire. »

Joachim Azan, Novaxia

Quitter la ville ou la transformer ?

L’enquête a révélé que, de manière générale, les citoyens qui souhaitent changer de lieu de vie le font en priorité pour se rapprocher des services ainsi que des transports. Les habitudes de consommation ont évolué ces dernières années, et notamment depuis la crise sanitaire. On favorise de plus en plus les achats en ligne, alimentaires ou non. Une conscience écologique et solidaire se développe petit à petit. La population se sensibilise davantage aux produits locaux et aux circuits courts, et deux tiers des répondants sont prêts à changer leurs modes de consommation pour favoriser la réduction des déchets.

La mobilité est également une question importante, il apparaît que les citoyens utilisent la voiture principalement du fait de la distance entre le lieu de travail et le domicile. Un tiers est d’ailleurs prêt à changer son mode de déplacement pour les transports en commun, étant donné leur côté pratique et plus écologique, ou encore le vélo. Il est donc urgent de développer d’avantage les moyens de transports alternatifs.

© Vineyard Perspective - Shutterstock

La réduction du nombre de trajets domicile-travail est au centre de la discussion et avec l’essor du télétravail après la crise, la plupart des citoyens interrogés souhaiteraient travailler à la maison 2 à 3 jours par semaine. La multiplication des tiers lieux pourrait être une bonne solution pour le besoin de rapprochement entre le lieu de travail et le domicile, et il est apparu que ces tiers-lieux et espaces de coworking sont très appréciés des citoyens et se développent de façon impressionnante sur le territoire.

Les 10 idées d’avenir pour habiter la France de demain

Ce qu’il ressort de ces 9 mois de réflexion participative pour habiter la France de demain, c’est que la qualité est le mot d’ordre pour les années à venir. Après de nombreuses tables rondes sur des sujets variés et la récolte d’avis des citoyens sur la vision de leur quotidien et leur mode de vie, Emmanuelle Wargon a pu dégager 10 idées pour améliorer le logement et l’aménagement urbain en France.

Faire de la qualité la contrepartie de la densité

  • Gagner la bataille culturelle, sortir du rêve pavillonnaire, redorer l’image du collectif en sensibilisant le public aux enjeux de la construction et de l’habitat durables et la lutte contre l’artificialisation des sols.
  • Agir pour une meilleure qualité du logement lui-même grâce au référentiel Girometti-Leclercq pour la qualité d’usage. Certains de ses critères seront utilisés pour calibrer le Pinel + à partir de 2023 : la surface minimale par typologie, la présence systématique d’un espace extérieur et la double exposition à partir du T3. Un décret sera publié d’ici la fin de l’année pour préciser le Pinel +. L’établissement d’un « nutriscore du logement » est également à l’étude.
  • Reconquérir les entrées de ville, renforcer l’accès aux services dans les quartiers pavillonnaires avec un dispositif permettant de développer les écoquartiers.
  • Soutenir les élus avec des engagements réciproques, des contrats rénovés. L’État soutiendra les élus locaux dans leurs démarches d’amélioration des espaces et services publics, comme suggéré par la commission Rebsamen. Les chartes locales de qualité et la maîtrise du foncier doivent mener à une qualité croissante et des constructions plus écologiques.

Rendre le logement plus abordable

  • Plus de logement social, plus de logement intermédiaire, un parc privé mieux mobilisé. Le gouvernement a signé un protocole pour la construction de 250 000 logements sociaux en 2 ans. Le premier ministre a également annoncé que les collectivités seront compensées intégralement sur l’exonération de la taxe foncière pour les logements sociaux construits entre 2021 et 2026. L’amélioration du dispositif Louer abordable a aussi été annoncée.
  • Innover pour faire baisser les coûts de construction, notamment en développant la filière bois, en promouvant la construction hors site et des modèles d’aménagement innovants. 675M€ seront investis à cette fin, une enveloppe qui sera même augmentée dans le cadre du plane France 2030.
  • Réguler le foncier pour maîtriser les prix, avec la mise en place d’Assises du foncier qui réguleront les prix mettront à plat une politique foncière pour lutter contre la spéculation qui impacte les prix ou la qualité des logements.

Atteindre le logement évolutif qui accompagne et s’adapte aux évolutions de mode de vie

  • Adapter le logement à l’âge : simplifier et unifier les aides pour disposer de services à domicile de qualité partout sur le territoire.
  • Transformer 4 fois plus de bureaux en logement à horizon 10 ans. Passer de 350 000m² transformés par an à 1,4 million de m², et anticiper ces transformations dès la construction pour permettre le changement d’usage.
  • Réduire les temps de transport, développer les tiers lieux qui utilisent du bâti existant pour faire naître des initiatives collectives.
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