Zone à trafic limité à Rennes : les premiers mois de la 1ère ZTL bretonne

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Avatar de l'auteur "Morgane Caillière" Morgane Caillière

le 04 juillet 2023

[ mis à jour le 07 juillet 2023 ]

SOMMAIRE

La ville de Rennes a instauré une Zone à Trafic Limité (ZTL) dans son centre historique, à partir du 13 février 2023, réduisant l'accès des voitures de manière drastique en faveur des cyclistes et des piétons. Délimitée sur 40 hectares, la ZTL rennaise est désormais « la plus grande de France » .

ZTL : Définition & historique

Qu’est-ce qu’une ZTL ?

Une Zone à Trafic Limité (ZTL) est une zone spécifiquement définie dans une ville où l'accès et la circulation sont restreints pour certains types de véhicules, à certaines heures ou jours, dans le but de réduire la pollution de l'air, les embouteillages et d'améliorer la qualité de vie des résidents.

Elles favorisent l'utilisation de moyens de transport appelés de “mobilité douce” comme le vélo, les transports en commun ou encore la marche à pied.

D’où vient l’idée ?

En France, la première Zone à Trafic Limité (ZTL) a été mise en place à Nantes en 2012. Grenoble a suivi en 2018, puis Strasbourg en 2022, et enfin Rennes en 2023. D'autres villes, comme Paris et Lyon, envisagent également d'instaurer une ZTL dans les années à venir.

Au niveau international, plusieurs villes en Europe ont mis en place des ZTL. Parmi elles, on peut citer :

La ZTL de Rennes : comment fonctionne-t-elle ?

carte de la ztl en centre-ville de Rennes
© IMMO9

La mise en œuvre de la ZTL à Rennes s'articule autour de plusieurs éléments clés. Tout d'abord, des panneaux clairement indiqués à l'entrée de la ZTL informent les conducteurs de la réglementation en vigueur. À l’intérieur du périmètre de la zone, la vitesse de circulation est limitée à 20 km/h dans les rues, et les piétons et les cyclistes y sont prioritaires.

Valérie Faucheux, adjointe aux Mobilités et Déplacements à la mairie de Rennes, a réagi à l'installation de la ZTL à Rennes, affirmant que l'objectif n'est pas d'éliminer la voiture, mais de la remettre à sa juste place.

Elle a également expliqué que l'instauration d'une ZTL limitée à 20 km/h a été choisie comme une solution intermédiaire pour ne pas pénaliser les artisans, les personnes à mobilité réduite et les 18 000 habitants du centre-ville de Rennes. À la fin de l’expérimentation, la ZTL sera réétudiée en prenant compte les besoins et retours des usagers.

Les résidents de la ZTL peuvent obtenir des autorisations spéciales pour leur permettre de circuler librement. De même, des exceptions sont prévues pour les véhicules de service public, les véhicules de secours et les véhicules de livraison.

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Les exceptions à la règle

ambulance dans un centre ville
© Jose HERNANDEZ Camera 51 - Shutterstock

L'accès à la ZTL est réservé à certaines catégories de conducteurs, à savoir :

Les résidents devront présenter un justificatif de domicile pendant la période expérimentale de la ZTL.

La municipalité a promis qu'initialement, une communication significative sera mise en place aux six entrées de la ZTL, grâce à des panneaux d'information facilement lisibles qui détailleront les règles de circulation.

De plus, les représentants de la ville ont garanti que, dans un premier temps, les forces de l'ordre feront preuve de compréhension pendant que les habitants s'adaptent à ce nouveau mode de déplacement. La municipalité a affirmé que « les opérations de pédagogie seront renouvelées au cours des prochaines semaines et ce jusqu’à la fin de la période de test, en juin. »

Joie des résidents, crainte des commerçants

Selon le journal le Télégramme et comme on pouvait s’y attendre, les réactions des rennais après près de 4 mois d’expérimentation divergent en fonction de leur intérêt personnel.

Les résidents valident

Aricia Hermann, co-animatrice du quartier centre, rapporte que les résidents sont globalement très satisfaits de cette nouvelle Zone à Trafic Limité. Selon elle, l'opinion générale reflète un sentiment de soulagement parmi les habitants. La réduction du trafic dans le cœur historique a apporté plus de calme, de sécurité et une baisse de la pollution.

Bien que la circulation n'ait pas beaucoup affecté leur quotidien, les résidents, bénéficiant d'une dérogation spéciale, se plaignent néanmoins d'une signalisation qu'ils estiment insuffisante. Aricia Hermann note qu'un nombre trop élevé de véhicules circulent encore sans autorisation.

Les commerçants aux chiffres d'affaires en baisse

Les commerçants, déjà hésitants lors de la mise en place de la ZTL, présentent un bilan plus nuancé. Laurence Taillandier, présidente de l'association des commerçants du Carré Rennais, souligne que la ZTL a fortement affecté les ventes. Delphine, une autre commerçante rennaise, partage cette inquiétude : « S’il n’y a plus de flux dans les prochains mois, c’est terminé pour mon commerce. Je suis très inquiète ».

En cause, une fréquentation du centre-ville en déclin par ceux qui résident en dehors de Rennes. Laurence Taillandier, elle-même commerçante, rapporte que ses clients lui ont exprimé leur réticence à venir à Rennes en raison de la difficulté croissante de circulation. Le centre-ville se verrait donc appauvri au profit des commerces de quartier situés en périphérie.

Où se garer à Rennes centre ?

La municipalité avait pourtant anticipé la problématique de stationnement pour les rennais vivant en périphérie de la ZTL.

L’accès aux parkings souterrains Hoche, Lices, et Vilaine est resté ouvert à tous, et le parking de l'Hôtel-Dieu, situé en bordure de la ZTL, a été agrandi de 300 places.

De plus, 2000 places de stationnement ont été ajoutées dans 3 parcs-relais : Saint-Jacques-Gaîté (800 places), Gayeulles (400 places), Cesson-Viasilva (400 places).

La ville a également mis en place une mini-navette électrique circulant dans la ZTL, avec neuf arrêts, destinée principalement aux personnes à mobilité réduite et aux personnes âgées.

Quelles sont les sanctions en cas de fraude ?

un homme reçoit une contravention pour non respect de la ztl à rennes
© antoniodiaz - Shutterstock

Les sanctions pour non-respect des règles de la ZTL peuvent varier. En général, les conducteurs qui entrent illégalement dans la ZTL peuvent recevoir une amende. Le montant de l'amende dépend de la gravité de l'infraction et de la récidive. Pour Rennes, les contrevenants s'exposent pour le moment à une amende de 35 €.

La ZTL en France et dans le monde

Il n’existe pas à l’heure actuelle de retour d’expérience permettant de chiffrer concrètement l’impact d’une ZTL. Selon une étude interne de la Métropole de Rouen, l'efficacité d'une ZTL dépend entre autres de la taille de la zone.

En France, la première ZTL a été mise en place dans la ville de Nantes en 2012, suivie par Grenoble en 2018 et Strasbourg en 2022. Rennes a franchi le pas en 2023, et d’autres villes comme Paris ou Lyon devraient aussi instaurer une ZTL dans les années à venir.

Les ZTL en sont à leurs balbutiements en France. Renoncer à l’usage de sa voiture personnelle peut être difficile, notamment pour les banlieusards des grandes villes qui accusent d’importants allongements de leurs temps de trajets avec un maillage de transports en commun insuffisant.

Étape 2 à Rennes : La ZFE

La ZTL à Rennes n’est qu’une première étape des velléités d’assainissement environnemental de la capitale bretonne. Rennes se prépare en effet à instaurer une Zone à Faibles Émissions (ZFE).

À ce jour, une série d'agglomérations ont déjà établi de telles zones, notamment Aix-Marseille, Toulouse, Rouen, Paris et sa métropole, Strasbourg, Lyon, Grenoble, Reims, Nice, et Montpellier.

Le déploiement de la ZFE à Rennes est envisagé pour le 1er janvier 2025 au plus tard. Cette initiative, qui est en conformité avec la loi Climat et Résilience, vise à restreindre le trafic des véhicules hautement polluants au sein de l’agglomération rennaise afin de combattre la pollution atmosphérique. Le périmètre concerné sera nettement plus large que celui de la ZTL du centre historique rennais.

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ZTL, ZFE... Focus sur l’impact de la pollution de l’air

On attribue annuellement près de 52 000 morts prématurées à la pollution dans les grandes agglomérations européennes, représentant environ 8% des décès sur le continent.

Selon Sasha Khomenko, chercheur principal de l'étude menée par ISGlobal, environ 52 000 vies pourraient être sauvées chaque année si toutes les villes respectaient les niveaux de pollution préconisés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Ces directives suggèrent que la concentration des particules fines ne devrait pas excéder 10 µg/m3 et celle du NO2 ne devrait pas dépasser 40 µg/m3. Cependant, 84% des Européens sont exposés à des taux de pollution largement supérieurs à ces valeurs.

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